Je domine. Je suis le Prince, le Prince de cette jungle, la jungle humaine. La fourmilière grouille, lorsque du bout de ma botte, j'effleure, j'ébranle les structures du misérable mensonge dans lequel elle se blottit. Et toi, te crois-tu assez fort pour me tenir tête ? Peux-tu oser te dresser, tout en haut de la pyramide, pour me regarder droit dans les yeux ?
Courbe-toi, malheureux !
Prosterne-toi, vénère ma grandeur et plie, ploie, ravale ta fierté si tu ne veux pas que je la piétine. Car je suis vêtu d'or, j'ai le verbe de cristal, et le visage de marbre, alors que tu n'as pour toi que les loques de l'ignorant, le discours du faible, le masque de plastique. J'ai le sang noble, le port royal, l'allure magnifique. Je suis tout, tu n'es rien, tu n'as que les yeux pour pleurer l'impureté de ta condition misérable, la courbure de ton échine, et ton inutilité manifeste.
Et ne t'avise pas de pointer sur moi les armes de ta bassesse naturelle, la défense perce, et les tripes se répandent. Quoi, tu ne comprends pas ! A genou, inférieur, à genou ! Ce charisme qui te fait défaut, tu ne le trouveras pas, nulle part en toi, car vois-tu, cette chose-là fait partie de celles, naturelles, qui nous distinguent fondamentalement. Je suis le riche, tu es le pauvre. Je suis le Noble, tu es le Gueux. Je suis le Prince, tu es l'esclave. Je suis Dieu, tu es mon jouet.
Comprends, comprends, vois ce que tu es, et ce que je suis. Oui, il t'apparaît clairement, à présent, cet énorme fossé qui nous sépare. Tu as désormais peur, je le sens, je le vois presque dans tes yeux. C'est cela, cours avec la Plèbe grouillante, fuis, oublie, ne te fais pas de mal, ne viens pas chercher le mal, et je ne t'en ferai point.
Porteur de Lumière, j'amène la vérité. Créature de l'ombre, tu te complais dans le mensonge.
D'une pichenette, je tombe les masques: l'Homme est un enfant vicieux.