Poètes et écrivain·e·s du Monde
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 A six mains

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2 participants
AuteurMessage
Henri de Walrins
Ecrivain
Henri de Walrins



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MessageSujet: A six mains   A six mains I_icon_minitimeSam 8 Oct - 17:09

J'avais demandé à shadow de poster "ce truc" il y a déjà plusieurs semaines. Il semblerait qu'il ait oublié (et comme on dit, on est jamais mieux servis que par soit même)

Pour info, ce qui va suivre, est, comme son nom l'indique, un texte "à six mains". Non pas qu'il y ait une difficulté particulière, mais pour la symbolique, il fallait que nous soyons trois (Mario, Shadow et votre serviteur) à l'écrire.

Je penses qu'à froid, tout ne vous sera "pas forcément" abordable, entre autre la deuxième moitié. N'hésitez pas à le lire, le critiquer, et à poser des questions


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Insert Coincoin





A vot' bon coeur, Mesdames & Messieurs
A vot' bon coeur - ou pas, c'est pareil !
https://www.youtube.com/watch?v=smm6bdhKR6M



Errance dans les rues calmes de la ville. Quelques verres en tête et des vers dans la bouche, vomissant aux étoiles qui clignent de l'œil en cette nuit particulière. Peu de bruits : les véhicules ont arrêté leurs courses folles, fauchés en plein vol de gloire, et les âmes passent sans sourciller. Certaines s'étonnent ou râlent, mais la plupart passent en silence en oubliant que le monde bleu vient de passer dans l'autre sens.
L'aube arrive doucement, au pas des cafés qui commencent à remplir leurs terrasses de chaises, tables et cendriers froids. La vie s'apprête à lever ses paupières, voiles de la nuit, pour s'en aller parcourir le temps. Dans quelques minutes. Pas avant. Encore un petit répit avant la fureur du quotidien. Dernières minutes d'éternité, avant que le soleil n'impose sa chaude majesté. Profiter de la légère pluie violette du matin qui humidifie les vêtements, et qui fait sentir le froid s'évanouissant dans les réveils ahuris.
L'œil capte une lumière. Doublant l'astre du jour, une lumière rose capte les derniers hagards des nuits agitées. Plus vivante que l'alcool, plus fougueuse que le vent violent qui nous emporte, l'éclatante rosée happe et attrape l'œil, cette ligne de fuite de la pensée. Des hommes arrivent en riant ; ils arborent des uniformes anglais rouges et chantent en entrant, sous les muscles du videur qui les scrute, mi-amusé et intimidant. Crane rosé, yeux pétillants de malice et de vie, mauvais rasage qui laisse voir un poil roux, carrure impressionnante et muscles à ne pas énerver. Connu dans le quartier sous le nom de Marv'. Videur, garde-du-corps, motard invétéré. Quand on rentre dans son bar, on reste calme et on profite du spectacle. En silence, sauf si on amène du texte. Alors là, verres offerts et bourrasques amicales frappant le dos du poète courageux. A ses côtés, une femme fume une cigarette en l'insultant. La seule à oser, c'est une amie. Soumission à base d'éclats de rire. Ces deux là donnent le ton, le ton magique de la fantaisie.
Entrée sous les lampions fabuleux et les peintures surréalistes des gérants du bordel. Beaucoup de becs de canard, sont pourtant pas tous de la même famille. Lilas déposés sous ces toiles, comme un hommage à des grands hommes ou à une mère de famille errante dans les strates de l'univers, cette fois toute seule, elle-même parmi les soleils, et remplie d'un amour immense pour ses enfants encore trop terriens. Disparue avec une étoile filante, une fois le vœu de l'heure dite réalisé.
Escalier de marbre rose, et d'autres peintures, en souvenir de tous les musiciens qui sont passés ici. On dirait des peintures de Dali passées chez un taxidermiste. La salle se dévoile de bas en haut, depuis la descente. Comptoir à gauche, scène à droite. Au milieu, le no man's land des rêves en attente des spectateurs. Champ de bataille divin aux allures de roman. Le barman fixe les nouveaux-venus en roulant des mécaniques et envoie un verre de Cuba Libre jusqu'à l'autre bout du comptoir. Le roulement du verre a un air de Snorky. Le serveur, habillé en croque mort noir, original dans le simple crucifix en or qui pend de son cou, attrape le verre et valse, grand échalas de Vienne ou de Dakar, jusqu'aux clients assoiffés de poèmes. Un autre serveur renverse ses plateaux et trébuche sur les robes, sous les rires francs de ses collègues. Volant jusqu'au comptoir, il s'assoit et pense à ses rêves sautillants de champion de trampoline. Il en soupire tant et tant qu'on finit par lui proposer un verre d'eau qu'il boit à petites gorgées.
Les lumières tamisées s'éteignent alors, le rose laisse place au noir et à un projecteur qui s'endort sur la scène en rond lumineux. Rideau rouge qui se tire, et laisse apparaître trois musiciens debout, fiers et dignes sur la scène. Il est question de final, de fin de tournée. Fin de partie, d'après Beckett. La pièce de théâtre se termine dans l'absurdité assumée et rieuse de la fantaisie.

Un homme étrange, le teint cireux, entre et monte discrètement sur l’estrade. Ses longs cheveux aile de corbeaux et sa redingote du même ébène lui donnent l’air d’un croque mort, impression renforcée par son profil fuyant. Pourtant, à peine a t-il rejoint le fond de la scène et s’est il installé au piano que son aspect s’est fait moins miséreux. On pourrait presque, l’espace d’un instant, se croire dans une scène classique de film de genre, tellement seule l’absence d’un chat sur ses genoux l’éloigne du Colonel sombre des grands soirs.

Cependant, l’attention des spectateurs n’est déjà plus sur lui. Trois personnes se tiennent là, dans la lueur blafarde des spots éclairant la scène, au milieu d’instruments hétéroclites cachés jusqu’alors on ne sait où. Guitare, harpe et bombarde semblent attendre leurs propriétaires. Un consentement imperceptible les traverse, ils s’asseyent, tranchants soudain avec leur collègue pianiste.
Tous trois semblent en effet d’un autre monde, ou plutôt de trois autres mondes. Le premier, le guitariste, vêtu une chemise noire liserée de rouge négligemment posée sur un pantalon de toile de gènes, a commencé à chatouiller son instrument d’un médiator couleur sang. Le second, assit à coté de la bombarde, finit distraitement une cigarette en bon apôtre de Django Reinhart, teintant sa chemise noire et sa cravate rose de cendre grisonnante. Le dernier, enfin, en costume immaculé, a déjà commencé à rejouer dans l’espace quelque morceau oublié.

Ils firent un récital rapide, chacun à leur tour, donnant le la pour un morceau taillé à sa mesure, accompagné naturellement par ses collègues. Même le pianiste, pourtant prude, finit par se fendre d’une petite improvisation, sans doute sans grand intérêt à ses yeux. Puis, après une pause lourde en regards convenus, les quatre hommes partirent d’un commun accord vers un air en même temps plus gai, et plus sombre, que l’ensemble de leurs prestations particulières.


Yoho

Je m'en vais livrer la fantaisie des Vag,
En suivant la brise du vent, en chevauchant les vagues.
Loin, à travers les profondeurs stellaires,
L'ultime chanson dessine des cercles dans le ciel.

Au revoir l'univers.
A ma première étoile.
Reprenons sur le quai la chanson du voyage,
Les vagues d'or et d'argent auront un gout sucré,
Car enfin nous voguons vers la fin de l'océan étoilé.

Je m'en vais livrer le saké des Vag.
Nous les poètes naviguons à travers les astres,
Les vagues inspirent nos errances et la trajectoire du navire,
L'étoile rose est imprimée sur notre drapeau et nos voiles invisibles.

Une tempête survient du ciel éloigné,
Fait danser les vagues et résonner les tambours.
Si tu ne tiens pas le coup, ce souffle pourrait t'être le dernier,
Mais si tu résistes, les soleils de l'aube seront teintés de rose.

Yoho

Je m'en vais livrer le saké des Vag, et des rêves infinis,
Aujourd'hui et demain.
L'ombre de nos mains qui se disent adieu.
Nous ne reviendrons plus, mais ne sois pas triste,
La lune se lèvera demain encore.

Je m'en vais livrer le saké des Vag,
Reprenons en cœur la chanson des rois du néant.
Quels que soient nos choix, quelle que soit la voie,
Nous finirons par errer dans l'harmonie des nébuleuses.

Le public semblait captivé par ces paroles, cet air, tout à la fois de fête et de deuil. Qui plus est, les traits des quatre hommes semblaient commencer à changer. Le pianiste, le premier, semblait se fondre dans sa queue de pie, comme si des plumes avaient remplacé les parties noires de son vêtement. Les autres avaient suivis la cadence, le guitariste toujours plus teinté de rouge à mesure que son instrument criait et se consumait sous ses doigts, le sonneur se fondant avec sa cravate rose, et le harpiste revêtant une pelisse immaculée en lieu et place de son costume clair. Enfin, alors que leurs profils commençaient à se faire plus fauves, plus animaliers, moins humains, ils commencèrent à s’évaporer dans les vapeurs tièdes de l’Ether.

Les instruments continuèrent un instant de jouer alors que leurs maîtres les avaient abandonnés pour d’autres cieux. Puis, dans un dernier « Yohohoho » fantasmagorique, les dernières cordes, touches et souffles d’air s’évanouirent. La salle n’avait pu que constater, parfois croyant avoir vu un sourire sur les visages avant qu’ils ne s’effacent, la fin de cet ensemble hétéroclite.

Alors que pointaient déjà les premiers rayons de l'aurore et que les premiers spectateurs sortaient, groggy, du bar, des gros titres de journaux se lisaient déjà à la sauvette:

« Il n’y a plus d’Orchestre »

https://www.youtube.com/watch?v=tDi5TyWG-9o
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Liam Daläa
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MessageSujet: Re: A six mains   A six mains I_icon_minitimeSam 15 Oct - 15:10

Je ferais une critique.
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MessageSujet: Re: A six mains   A six mains I_icon_minitimeVen 4 Nov - 21:13

Et bien je viens de le relire. Et je ne trouve rien à y redire de constructif.
Alors je vous dit "hum... Bravo ! "
Il y a de belles images originales voir osées comme :

"Quelques verres en tête et des vers dans la bouche, vomissant aux étoiles qui clignent de l'œil en cette nuit particulière."

"Les lumières tamisées s'éteignent alors, le rose laisse place au noir et à un projecteur qui s'endort sur la scène en rond lumineux."

"Profiter de la légère pluie violette du matin qui humidifie les vêtements, et qui fait sentir le froid s'évanouissant dans les réveils ahuris.

Frôlant parfois le "déstabilisant" mais qui me parle quand même.
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