« Ô Palais de la Berbie, peux-tu raconter
Ton histoire, tes profondes pensées me confier ? »
Ainsi parlait cet enfant à mes pieds assis,
Me tirant d'un long sommeil où j'étais blotti.
Du plus profond de mon âme, de vieux souvenirs,
Tels une armée de spectres enfouis rejaillirent.
Mon cœur d'anciennes d'émotions ainsi transporté,
Je ne pûs faire autrement que de lui conter.
« Le long des berges, sur les bords du Tarn je suis né.
Au treizième siècle, en place des herbes je m'élevai
Selon le seul désir de l'évêque d'Alby,
Et pendant sept cent longues années on me bâtit.
Cette époque ne me paraît plus qu'un songe lointain
Temps où les maçons œuvraient du soir au matin,
Sous l'œil du Religieux dirigeant les travaux,
Où je m'éveillais chaque jour de plus en plus haut.
Tant d'ecclésiastiques ont habité sous mon toit,
Enrichissant la ville de leurs différents choix,
Chacun pour l'art ayant un naturel penchant,
Apportant leur touche à mon embellissement.
Durant six siècles je veillai sur la cité,
Avant l'arrivée d'un artiste émerveillé
Par le spectacle éblouissant de la rivière
Et par le calme sincère de mon caractère.
Sa maladie l'obligea à rester chez lui
Où il dessina le portrait de ses amis.
À sa mort je fus rebaptisé en son nom
Et mes vieux murs abritèrent toute sa collection.
Aujourd'hui, j'attire des visiteurs par milliers.
Musée : c'est la fonction que l'on m'a attribuée.
Les albigeois m'ont offert une nouvelle vie,
Ils ne voulaient pas que je tombe dans l'oubli. »
L'enfant fasciné à mes pieds semblait ravi.
Un sourire aux lèvres, il se leva puis partit.
Quant à moi, une nouvelle fois je m'endormis
Jusqu'au prochain rendez-vous qu'il m'avait promis.
Ce poème a gagné un concours (trop content )... J'aimerais que vous me donniez votre avis.