Voici le poème que j'ai oublié de ramener pour le nouvel an. A base de cornichons, de petit plaisir solitaire et de bretonne bien bonne.
Exhorta Ciudad
Sortie d'un bar à tokay
On a sagement mis en marche
la Grande Révolution Onirique
Les croque-morts patientent sur les toits
ils regardent passer les métros célestes
un train qui flotte sur l'horizon
la fumée le précédant
les portes claquent dans la ville calme
elles battent un rythme chamanique
un tempo de transe alors que
la Lune se fait bouffer par les chiens
tenus en liberté par un gigolo bouffi
bouffé d'orgueil bouffé d'envie
les portes claquent dans la ville calme
Tous les trucs, machins et bidules
vivent et meurent sans nul savoir
Les affiches s'animent sortent des cadres
des murs de l'abattoir
Ça chasse l'homme-papillon qui pense
assis sur un mur au repos du soir
Il attend quelque rêve d'enfant
Une sonnerie comme abreuvoir
La ville s'en va la ville s'exporte
S'exile dans des cartons vides
des boîtes remplies de fumerolles
percées de trous mais rien ne fuit
Tout tourne, respire - tout tourne et luit
Et lui pédale sur un vélocipède
à faire tourner son entreprise
Ses hamsters à la foire s'amusent
s'esquintent et s'usent en souvenirs
alors il prend l'allure sportive
transpire ainsi de pire en pire
tant et tant de vieux en vieux
que les rides financent le vide
sur lequel vole et nage en nage
un scaphandrier éphémère
sorti des femmes des verres de rage
expulsé des vins amers
De l'alcool charitable
à la confiture de sourires
De l'élégance et du charme
allument les mèches de son empire
Royaume oublié noyé vendu
mémorisé par les troupeaux des machines
identiques dans leur nu
pareillement courbées à l'échine
Le feu court la flamme suce la moelle
moelleuse de l'homme mou
Il hurle illumine halète
explose inonde tous les trous
: la couleur le son ensemble
coulent en torrent sur les écrans
L'écume sensible rassemble
la perfection du sentiment
Inspiration d’égoutier cosmique
Qui écrase des rats-météorites
des chats sanglants des diables de cirque
touillés en cris dans une marmite
- les bulles bouillonnent et s'absentent
Usées par les mots - mensonges qui tentent
les chocs à l'âme - car l'homme croque
la peau la peau organes néant
Cannibalisme malin à l'iris brûlant
Les dents portent des masques en toc
et mâchent l'horloge gloutonne au miel
qui marque la langue râpée au ciel
- Ottawaaa ! Ottawaaa ! les apaches rêches
frottent leurs plumes à leurs gorges
Les chasseurs de la plaine repêchent
Crissement ! des mots qu'on égorge
Crissement ! des sons qu'on fait naître
Dans le blanc, le blanc du sang...
Ottawaaa ! les apaches rêches
Mais madame...la boutique n'est pas fermée !
Le marché aux esclaves continue sa lutte
son doux combat inachevé
son murmure tendre son discours cru
On a dépouillé le sens les mots la chasse
a vidé les carcasses roté les besaces
Nos bouches vides nous servent à spéculer
sur nos gloires nos talents nos sons de beauté
aux couleurs en fuite, évasion éternelle
dans les dédales d'ego aux miroirs polis
sur des banquises géniales des bancs sans vie
Alors que passent les vieillards !
aux fauteuils volants de libellules rieuses
romance la diva noire
au chant raisonnant d'exhalaisons
et de soupirs d'or
le bluesman, crocodile émeraude
brille vert au soleil ses cordes valsent dedans
son désespoir son amour la vie en fugue majeure
ravalés par la mousson du rhum
et le regard posé sur une jupe instable
où l'on vient rêver entre les dunes tièdes
dans le silence retrouvé
revoir ceux qui de nous furent aimés
sans larmes ni pudeur au loin des lumières
dans le silence retrouvé
revoir ceux qui de nous furent aimés
Le mouvement va à la douceur de l'ange
qui dort sur les photos poussiéreuses
Une page est tournée...
Qu'on se le dise ! au chapitre des éclats-moon
les bals reprennent les pas entament
l'aube échouée contre nos réveils
nos yeux lourds nos mots mis en veille
reprennent le vers forcé
Image : des âmes en cravate fière
Défilent en rythmes militaires
Hau-temen hau-tement une-deux-une...
Les âmes sautent et s'ordonnent
la cadence des cœurs en donnent
Les écrans regagnent des couleurs
nos yeux posés sur les écrans
respirent inspirent - expirent enfin
au noir au blanc au blanc du sang
La Grande Machinerie de l'image
berce notre monde qui se voit vivre :
des pantins sur des piédestaux
titubent des mains aux nuages ivres
Le théâtre monte sur les toits
et démontre sa mécanique
les véhicules transportent au soir
les portes aux rythmes chamaniques
les portes claquent dans la ville calme
Les vers attendent, coiffés soignés
rangés près des sonorités et enluminures
Certaines s'amusent et font le mur
parfois. Parfois seulement dans l'oubli
elles défient le sportif endormi
le dépasse, lui et son génie
ce coup de pédale ridicule
qui fait suer et grimper la mule
Marquent avec une moquerie de pitié
tandis que les loups se bafrent de nuit
tandis que la ville meurt en battements
"où sont passées les filles d'antan ?"
Sortie d'un bar à tokay
On a sagement mis en marche
la Grande Révolution Onirique
Azy Liam, envoie les tomates