ma tête repose dans une gare du bord de mer
silencieuse, dont les vagues bordent les rails
les bancs de sable s'essoufflent, poussières
effacées au vent salé des voyages
les convois passent vers d'étranges cités
sans horizons, destinations aléatoires dans un soupir d'idéal
pleins de têtes juvéniles, mal rasées,
chantant à tue-tête la mort lointaine et la femme
sans voir, dans la traînée du transport
le sanglot étranglé qui chemine en panache
la petite âme camouflée dans les corps d'hommes
qui s'inquiète et soupire des machines infernales
les animaux suivent ces générations amères
aux abattoirs dressés en campagne de fortune
leurs trains passent sur les cimes et les frontières
sans qu'un chauffeur puisse rêver à la lune
je m'éveille sur le quai de ma gare abandonnée
pauvre tête isolée près d'un chemin précis
des mots s'inscrivent sur le sable des journées
puis finissent enfouis dans la marée des nuits
j'ai failli reprendre un très vieux texte, écrit en 2008 je crois
La Passagère
Assise au bar d'une gare silencieuse
Elle fume une cigarette
elle fume nerveusement, comme si
Elle faisait semblant
parmi les vagabonds endormis du hall
elle lit un auteur oublié
qu'elle adore
en attendant son train
un train, n'importe lequel, quand elle voudra
voyager après le café du matin
ou celui du soir, elle n'en sait rien.
A l'aube elle va se promener
au bord de la mer pendant des heures
à l'heure de ses départs
Elle laisse voguer ses billets
sur le rythme des vagues régulières.
Assise au bar d'une gare silencieuse
d'une ville de nulle part
la passagère attend un train
pour retrouver des souvenirs
sur le quai du départ
aller sans réfléchir
Vers d'autres cloisons plus libres
Oublier la musique de l'amer
Le rythme des vagues régulières.