Bienvenue à l'Académie ! |
| | Poèmes en fraude | |
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Auteur | Message |
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Mario Ecrivain
| Sujet: Poèmes en fraude Sam 10 Aoû - 21:54 | |
| L'idée m'est venue en repensant à l'expression de Liam sur mes vers "en liberté conditionnelle". J'ai décidé de lancer des poèmes plus aventureux, plus audacieux, et qui chercheraient d'autres façons de faire de la poésie. Une sorte de laboratoire poétique qui débute, pour faire simple. Pour l'heure ça peut ressembler éventuellement à du Bukowski, je le relis.
(mon word fout des majuscules partout, c'est une vraie plaie...)
I
Un jour que je me promenais Je vis des gens Porter des urnes pour Les cendres des morts Toute la ville formaient une grande Procession à rendre hommage - Je l’appris bien tôt – A l’argent disparu
Il pleuvait ce jour De grosses gouttes grises Légères odorantes C’est qu’on jetait aussi L’argent par les fenêtres
Il neigeait fort ce jour Je me souviens Des flocons sombres et chauds Tombaient Pour la liberté
II
Dans les boutiques-discothèques Les mannequins ressemblent à des putes Et je crois que Je comprends Le sens de l’achat La motivation qui fait Qu’on sort 50e pour un tissu Qui est vaut 2
Soit
N’empêche que Ces mannequins là Bien habillés d’artifices Ressemblent vraiment à des putes
J’espère qu’on les paye Correctement
III. La petite méchante
Joue avec son diablotin Un jouet qui sort D’un coup De sa boîte Monté sur un ressors Est fait pour Sursauter Ou surprendre L’Emerveiller
Joue de temps en temps Faire apparaître le petit démon Puis le ranger Le cacher L’oublier Jusqu’au prochain Bondissement
Comme si, au fond Il n’existait pas Encore
IV
On dit beaucoup de choses sur la poésie Concepts Idées inspiration Images maudits Musiques alcools Et toutes les folies Mais si le truc venait tout seul Depuis les tripes Le silence serait Notre Meilleur poème
Les poètes n’ont pas d’héritiers J’écris sur une page à carreaux Violets au fond d’une Caravane palace perdu Sobre comme un pape La mer non loin Berce le sommeil C’est l’eden retrouvé Et je sors quelques bons trucs Je crois On dit beaucoup de choses sur la poésie Mais il y a les tripes
Qui s’échangent S’achètent Se vendent Se louent D’aucune façon
Elle se donne difficilement Cette garce Sans artifices Ce qui rend la chose Si compliquée Il faudrait tenter un jour Une bonne fois pour toutes Choper le silence En faire un poème moyen Ça en ferait fermer Des presses d’inspirations
Car il faut le dire On dit beaucoup de choses sur la poésie
V. Un vrai poème
J’ai misé sur le numéro 11 dans la cinquième Bonnes statistiques 150.000 euros de gains le Mois dernier 2.8 contre 1 De quoi balancer 10 euros pour Se payer ensuite La pinte du vainqueur
Démarrage correct Il prend la corde Gère son allure Passe en tête A la sortie du dernier tournant
Le deuxième se met au galop Sous les cris de la tribune En feu Et le mien passe la ligne Loin devant
Certains hurlent de colère D’autres rigolent d’avoir su Que ce bourrin finirait premier Sans nul doute Alors que leurs voisins l’ignoraient
Une pinte gagnée Aussi durement Se savoure Véritablement Au moins jusqu’à La prochaine
VI. Tomy
Y’avait toujours ce gars sur le zinc Ce type qu’on appelait Tomy Tomy Tom Jones Un petit boursouflé A bretelles Accroc au bourbon Il venait Tous les mardis soirs A écouter Une diva noire
On le disait raciste Raciste d’actualités Mais Chaque mardi Il venait pleurer Devant le blues d’une venus A la peau de nuit
Il se secouait Finissait son verre Repartait Sans applaudir Sans rien à dire à Personne
VII.
La ville est caniculaire Tel point qu’on sort les pieds nus Sur le goudron Gluant et brûlant Faire croire qu’on savoure L’été étouffant
On vit à l’horizontal Tant que le soleil officie Et ça me fait réfléchir A tous les grands moments Horizontaux de la vie
Alors cette chaleur C’est comme une petite mort Le plaisir en moins La vie encore En sueur Sous les rayons mortels De mes lignes
VIII.
La pluie tombe sur le plafond De ma chambre Les gouttes tapent le piano De ma chambre La mélodie baise les murs De ma chambre S’allument les sirènes rouges De ma chambre Animent les ombres folles De ma chambre Les sonneries crues De ma chambre Le son du diable De ma chambre La mort De ma chambre Arrive De ma chambre Puis repart en tombant sur le plafond De ma chambre
IX. Sit venia verbo
Dans les draps, de son corps nu Mademoiselle Maude Appose la nuit Sa peau s’étiole en mauve et rêve Aux couleurs d’aube De ce qui fut
X. Dans le monde...
dans le monde où je vis le ciel chante en couleurs savoureuses les rues sont larges d'un kilomètre pour que tous les gens puissent s'y rencontrer On boit aux terrasses des thés alcoolisés Liqueur de Brahms ou Vendanges tardives rock La Lune est distillée dans des tasses de nimbus qui regardent en fumant mille crépuscules inachevés dans la mesure finale d'un opéra fantaisiste
dans le monde où je vis je croise des géants en couple avec des fées l'humain comme seule civilisation on apprend aux enfants, dans nos parcs naturels la nécessité de l'amour le besoin d'une morale de tendresse l'essence de la liberté responsable Les gamins peuvent passer la licence du ciel Option contemplation poétique pour aiguiller les étoiles filantes errantes sur les chemins de velours et des mains de boudoirs
dans le monde où je vis chaque homme invente son propre jeu qui serait sa pensée son fonctionnement l'utilité de la première rencontre au coin d'une herbe comme fauteuil moelleux à côté d'un fumoir pour les amateurs de planètes le temps passerait parmi les passions à travailler entre le plaisir et autrui émerveillé
dans le monde où je vis la ville entière dort le soir sur les pelouses fraîches quand passe l'astronome qui montre nos prochaines vacances chacun respire en harmonie à l'univers et les rêves arrivent quand commencent les concerts et les contes pour adultes les films sont des écrans de soie noire sur lesquels s'endorment doucement les chairs apaisées
dans le monde où je vis l'imagination au virtuel se prolonge car les cafés et les boulevards ne suffisent plus pour découvrir toujours des soldats de plomb qui défilent dans les orchestres les poupées blondes aux théories scientifiques les dragons qui font la tournée des comptoirs suivis par une meute de matous parfaite pour malfamer sur les toits en bulles
dans le monde où je vis il y a un Ministère de la Poésie complètement vide c'est qu'il a réussi, savez-vous à rendre le monde comme un poème une belle fantaisie musicale un blues heureux un gospel d'espoir saupoudré d'une ou deux larmes le chagrin qui aide à écrire à oublier à savourer l'instant la tête tournée vers le Soleil
dans le monde où je vis on se déplace comme on le pense il suffit de choisir sur la mer en semelles de vent sur les cimes en rollers de feuilles sur les sommets avec des ailles qui surfent sur la rue de terre les pieds nus au contact de notre planète en révolution
dans le monde où je vis des musiciens surgissent n'importe quand ils chantent l'Histoire, les Sciences ils chantent les nouvelles du Monde ils chantent aussi les nouvelles locales les naissances, les mariages et les morts ils rappellent la vie des grandes figures devant un parterre d'enfants au spectacle
dans le monde où je vis je marche en funambule au milieu des milliards d'univers en pleine effervescence ébullition explosion un grand incendie de création tout chante toute parle tout récite la vie les étoiles des multivers se rassemblent en vers et se donnent pour crier un seul son qui serait une vérité de passage tandis que je continue de marcher en équilibre au sein du surgissement l'horizon comme seul point composant tout mon regard et je comprends que ce que je suis l'Homme est la quintessence de l'univers au moment où le big bang éteint mon dernier poème
etc.
A faire à suivre...
Dernière édition par Mario le Sam 7 Sep - 20:37, édité 1 fois | |
| | | The shadow Chef correcteur
| Sujet: Re: Poèmes en fraude Mar 20 Aoû - 2:14 | |
| Très inspiré des thèmes bukowskien en effet, mais ça me plait bien, ça sonne comme une prolongation de "Les jours s'en vont comme des chevaux sauvages dans les collines". J'aime moins le troisième. | |
| | | Liam Daläa Chef Administrateur
| Sujet: Re: Poèmes en fraude Jeu 22 Aoû - 16:27 | |
| Fraude ! J'ai aimé l'ensemble. Et ayant lu le commentaire de Shadow avant je me suis penché sur le troisième avec attention et du coup, je l'ai trouvé plutôt marrant et pas très innocent. - Mario a écrit:
(mon word fout des majuscules partout, c'est une vraie plaie...) Ou pas ! Moi j'aime bien comme ça ! | |
| | | Mario Ecrivain
| Sujet: Re: Poèmes en fraude Jeu 22 Aoû - 17:49 | |
| Je ne l'avais pas pensé comme ça en écrivant, mais le fait est que... | |
| | | Mario Ecrivain
| Sujet: Re: Poèmes en fraude Sam 7 Sep - 20:45 | |
| Je poste à la suite, ce sera mieux si y'a des commentaires. XI. Comptine
Il y a au creux des enfances magiques Une petite fée Qui lance des sorts de bonheur tragique Toute décoiffée
Elle touche le cœur des matins joyeux Au gré du vent Les lutins mutinent à ses beaux yeux De grands géants
C'est qu'elle charme, elle ensorcelle Son joli monde Comme l'alouette et l'hirondelle Chantent à la ronde
Ses yeux sont, têtes de Soleil Deux tournesols Qui réveillent de lourds sommeils Trop loin du sol
Yeux de braises nacrés de blanc De jaune brûlant Yeux de nymphe perlés de sang Sans rouge ardent
Fille du vide et des vertiges Au ciel noir Dans ce continent elle voltige Au désespoir
Les lutins balancent des éclairs De pâtisserie Et les géants reniflent l'air En tapisserie
Tapis d'azur sous l'envoûtement D'une petite fée Qui y lance ses vêtements Toute décoiffée
XI. Ma Chanson - Ma chanson, vole au-devant ! Dis-lui que je l'aime A tire-d'aile, cours Dérober un baiser Dis-lui que je l'aile ! - Ma chanson de poésie Chante ! Tenue par les ailes D'un oiseau léger, chante ! Dis-lui mes battements Et fais rêver le ciel ! - Ma chanson, bonne tendresse Embrase donc ses joues Enflamme d'un seul geste Un seul mot qui dirait tout A voix basse tout partout ! - Ma chanson, ma vieille amie ! Sois l'amante désirée Caresse et endors et puis Fais vaciller ! Et alors... La nuit sera sacrée ! - Ô chanson, nuage d'amour ! Répands-toi dans l'éther Parcours les terres à l'heure du jour Veille le soir quand il est sourd Ô chanson, nuage d'amour ! | |
| | | The shadow Chef correcteur
| Sujet: Re: Poèmes en fraude Dim 8 Sep - 15:43 | |
| J'ai toujours eu un peu de mal avec les lutins, les fées et les géants, mais dans ta comptine ça passe plutôt bien. J'aime bien le double niveau de lecture, comme souvent dans ta poésie.
Sur le deuxième j'ai pas grand chose à ajouter c'est frais et léger comme une chanson de mai. | |
| | | Mario Ecrivain
| Sujet: Re: Poèmes en fraude Mar 24 Sep - 16:07 | |
| XII. Startijenn La poésie est une science exacte qui n'est qu'architecture de syllabes et de rythmes harmonieux, principalement accordés, aussi pour la beauté, l'élégance de son chant se répercute dans son palais de perfection Il faut donc connaître avec précision ses voûtes, ses colonnes, ses murs porteurs La résonance des pierres froides et l'allongement dans l'espace La poursuite du silence par l'écho en mouvement calligraphiés faits chair immatériellement chair lancés du bras, en l'air où ils prennent une consistance mystérieuse de grands fantômes sonores Le poète est l'architecte du ciel il connait la topographie des mots ces confettis de sens Son travail lui permet de capter d'approcher, de sentir, de comprendre que tout ce qu'il écrit en contrebas n'est qu'une carte musicale inconnue un nouveau lieu mélodique à découvrir où aucun pas de plume n'a posé sa patte ; qu'il faut absolument dresser sans cesse une inlassable corvée intense Une géographie du son. XIII. Ma golfinata ma jolie jeune fille me donne des lunas-fatals insomnie sur insomnie On joue au cara trap visage contre visage Finissent en secret d'état au murmure des draps Elle m'appelle maltheor pris en flag de spleen Je réponds gatocrate Marquise des rois chats Entre deux desossistes un rhum blanc vanille on goûte aux cime-tenants un vin doux qui pétille Colifata à la lune en buene notta y otha... Onironef sont ses dunes Ses sharries de diva Ma golfinata toujours ! ma jolie jeune beauté Est un armoret d'amour Mon océan retrouvé | |
| | | Liam Daläa Chef Administrateur
| Sujet: Re: Poèmes en fraude Ven 27 Sep - 23:21 | |
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| | | Mario Ecrivain
| Sujet: Re: Poèmes en fraude Lun 7 Oct - 23:36 | |
| XIV. Prière
S'arrêter aux dieux pour parler d'absolu, dernière frontière me semble réducteur risqué car il serait une entité du tout créateur et création, esprit qu'on nomme (notez la négation de l'homme) hasard ou coïncidence ou harmonie et on s'arrête vraiment à cet endroit
il manque pourtant l'origine ou plutôt les origines de cette puissance fabuleuse
on pourrait penser que Dieu n'est qu'une idée maîtresse d'une civilisation extérieure supérieure aussi paumée que nous entre les astres elle serait arrivée à rendre captable et parfaite, intelligente donc belle une pensée une petite pensée complète à l'étendue infinie d'une compréhension insaisissable (vous savez compris la suite)
c'est maintenant à notre tour d'achever l'idée qui traverse les univers puisque nous sommes tous des pointillés parlant au futur à d'autres pointillés nous avons vécu pour l'éternel nous l'avons fait exister dans la chair des autres pour le prochain big bang (la fête sera sans nous)
Tout peut être faux. Si un dieu existe et s'il écrit comme il pense parfaitement etc. il n'est pas dit qu'il soit poète
(et toc)
XV. Paysages
Amphithéâtre de couleurs selon les cours sensationnels - au sens poreux. Placards orchestres pour opéras discrets, mafia des galaxies. Piscine où nage le pantin mécanique de l'horloger des temps ; steampunk o'clock. Les douches de drogue qui purifient le mal par le mal. Cabinet médical soignant les génocides alimentaires (et crimes contre l'humanité). Tribunal des objets, avec un jury composé de canards en plastique. Balcon des fumeurs d'opium - du faux - où s'élèvent des nuages - des vrais. Dortoirs aux lits superposés de cinquante étages. Pont suspendu entre le ciel en bas et au ciel la terre. Parquet clavier d'ordinateur énigmatique langage musique électronique son robotique. Couloir en matière inexistante possédant un précipice à sa gauche où s'entendent des voix. Bibliothèques sur lesquelles rôde l'homme tatoué comme une feuille de bingo. Cuisines prenant place dans les jardins du hasard au sein des arbres aléatoires. Toits de velours pour siestes nudistes. Prévoir la crème paratonnerre.
Bienvenue à l'Asylium. Chambre sphérique où vous vous tenez au centre. Composée de soleils collés les uns aux autres parfaitement alignés. Ils tournent autour de vous et se transforment en yeux. Des yeux cyclopéens qui vous regardent exactement.
XVI. Comme l'oiseau
Oui, j'écris des ailles avec deux l ça me semble plus logique si on veut exprimer la chose le truc enfin quoi son essence ce pour quoi il est ce qu'il est et qu'on ne sait pas dire sauf dans des livres que personne ne lit allez savoir pourquoi peut-être parce qu'on ne sait pas le dire ceux qui le font encore moins que ceux qui ne font rien
alors voilà deux l pour des ailes un l pour une aile et tout le monde comprend que je ne sais pas écrire mais que je sais faire voler des mots que j'aile. | |
| | | Mario Ecrivain
| Sujet: Re: Poèmes en fraude Mar 8 Oct - 22:52 | |
| D'un Soleil qui bout En espérant que Dieu nous garde De l'humain au caillou L'univers nous regarde Lentement par la forge D'une planète qu'on occis Petite boule à la gorge Au sein de la galaxie Sa légende ressassée Qui respecte son mythe D'une Lune bien pressée Le coeur frappant le rythme Palpitent tendres de lumière Étoilés, les nouveaux-nés Chanté par les premières On respire l'air aluné Dans les nuages dans nos voix Le Soleil prend son gîte Au ciel rose en sous-bois Font chavirer les tripes Aux douces déesses d'été Des nymphes nues à la nuit De femmes d'ailleurs rêvé Les pieds ont des envies L'horizon-quai de gare Vers le bas, le bas devant Ils réclament le départ Au crépuscule s'achevant De nos souliers de verre La terre tourne autour Sur un chemin de pierre Errance des corps lourds XVII. Elevation XVIII. je refuse l'inspiration il me faut une écriture quotidienne qu'on force, qu'on oblige, qu'on maltraite une écriture esclave à la limite ouvrière pourquoi pas prolétaire elle ne se laisse pas désirer elle ne se dérobe pas à ses devoirs poétiques dans notre consentement je refuse l'inspiration j'envoie la poésie dans l'instant sur tous les sujets de la beauté de ma femme au cholestérol de mon chat on trouve de la beauté dans le cours de la Bourse je ferai un poème sur ça aussi beau que l'Endymion de Keats sans jugement de valeur posé c'est là notre mythe glorieux les fast-foods, la hotline, l'info en continu la télé-réalité, la crise, les polars tous les soirs les salaires des joueurs de football et les cachotteries pour le bien commun c'est notre légende des siècles qui refuse l'inspiration je ne parlerai évidemment pas des sentiments je veux être aussi froid et fécond que le dernier smartphone à la mode joli à voir, pratique et esthétique comme un mannequin gelé qu'on s'arrache à chaque ouverture nous voilà dans le prêt-à-faire la nouveauté, l'inédit, la surprise comme une promo sur ton écran d'une poésie qui s'arrache d'une inspiration dégueulasse qui sniffe ses miasmes et lève la tête pour respirer l'air pur d'une poésie qui refuse l'inspiration XIX. Platoon-poète ils disent la bouche en fleur que les poètes sont des grands hommes soit mais si on regarde beaucoup sont, en se penchant bien égoïste, individualiste, drogué obsédé, complexé, fou, traumatisé malheureux, pervers, violent, profiteur, assassin ils n'aident pas les pauvres ils ne relèvent pas les laissés-pour-compte ils ne s'engagent pas dans les grandes luttes car ils sont lucides et donc blasés les grands hommes même pas d'humanitaire encore moins de politique mais ils écrivent quand même pour que les autres crétins disent la bouche pleine de purin qui sent bon pardon, de bons sentiments tout de même... les poètes sont des grands hommes Putain ils sont tellement hideux que je vais de ce pas faire un poème sur le monde et je rigolerai longuement haut et fort et je rigolerai | |
| | | Liam Daläa Chef Administrateur
| Sujet: Re: Poèmes en fraude Ven 11 Oct - 20:54 | |
| J'ai préféré les deux derniers à l'antépénultième. ('Faut bien essayer de caser ce mot !) Ou alors je les ai pas préférés mais ils m'ont plus marqué.
Celui du refus de l'inspiration est intéressant, même si j'ai l'impression que c'est plus un "refus d'attendre l'inspiration" plus que qu'un refus de celle-ci. Tu ne l'attends pas, tu viens la chercher. (C'est comme le chien sans patte.)
Et le poème de Platoon, est assez parlant quoique j'ai l'impression qu'en généralisant, il insulte tout l'engagement de Victor Hugo pour les pauvres de son temps, lui qui n'a rien du Verlaine tireur, ou du De Nerval fou. Sinon, c'est original, j'ai l'impression que ton dernier poème annonce ton premier dont on a le titre à la fin. | |
| | | Mario Ecrivain
| Sujet: Re: Poèmes en fraude Sam 12 Oct - 13:54 | |
| Hugo se préoccupant de la misère humaine, j'suis pas convaincu. De toute façon je parle des poètes, je ne vois pas ce qu'il vient faire ici *sort sous les huées*. Pour moi, au contraire, Verlaine est bien plus proche des clochards (en étant un lui-même ?) que Hugo en exil ou à l'assemblée...
Le titre du premier poème est au début, hein...
XX. Irma tuée
les prochains poètes nous foutront sévèrement au sol comme on aurait dû le faire avec nos padres toi avec tes images conceptuelles originales et soignées toi avec tes sentiments toi avec tes mots nouveaux vous boufferez de la pierre
Ils prendront nos bouquins, au hasard avec un programme informatique conçus poétiquement (vous espériez sérieusement vous trouver encore en librairie ?) ils composeront en recollant vos mots qu'ils posteront sur leurs journaux de vie (sorte de Facebook évolué, c'est-à-dire ultra-carcéral mais ce sera pour leur bien, on leur a dit pour leur bien) et tout le monde autour trouvera ça fameux cf. les commentaires en anglais (ça fait cultivé et in media day) Ils seront encensés, ils seront novateurs car ils seront les seuls à connaître l'escroquerie
Wait il me semble bien que c'est ce que nous faisons déjà (inclure rires hilares de sitcom)
XXI.
Les connaissances se recoupent et fusionnent dans la poésie suffit d'apercevoir la grande parade du vivre
musique essentielle, sensationnelle - sens brut. construction précise, mesurée, calculée, même en vers libre, surtout en vers libre histoire de l'être, histoires des lettres, indissociables Autopsie de l'humain, médicaments naturels, observation des actions cardiologiques Contemplation et compréhension de l'homme, à décliner : actes, conséquences, causes finissons sur l'absurde Tous les genres littéraires jusqu'au parpaing posé sur un chantier Engagement ! à la terre, aux idéaux, aux luttes, rien que des espoirs
qu'on résume magiquement
en quelques vers drôle de pouvoir que celui de raconter l'humain en quatrains
pas étonnant que certains deviennent fous remplis dans leurs larmes - sentiments aléatoires attention d'un trop plein d'insupportable qui demande les yeux toujours ouverts, la tête tranchée en deux sur le vif-réel un sacrifice, les souffrances car Elle ne mange qu'avec les vivants et les poètes sont très souvent des gastronomes sans manières
XXII.
En grandissant, on se rend compte que les lieux de nos enfances sont toujours plus petits alors qu'on s'y perdait à l'âge de raison
j'ai peur, si on va par là, peur d'être vieux tout voir comme un géant moi, grand golem de rides et de fripes voir exactement comme le monde est petit quand balaie le regard des ans
bon, j'espère garder un esprit d'enfant même enfermé dans la lourdeur de l'âge pour voir d'en bas la beauté des grands espaces à découvrir | |
| | | Mario Ecrivain
| Sujet: Re: Poèmes en fraude Sam 19 Oct - 12:30 | |
| XXIII. Métensomatose
croyons à la vie antérieure pour revoir des paysages se dévoiler à nos yeux qui n'ont encore rien vu
Il y a l'immense société marine Tournée vers les gouttes des soleils liquides Au fond des criques et des abysses engouffrantes Rugissent mes familles de mastodontes en marche
De grands palais impériaux où se pressent les peuples Laquais confidents secrets aux courtisanes Salomès Rois & Reines, amants, intrigantes & chanceliers Battent monnaie au rythme des cavaliers blancs
Les peuples migrateurs les nomades de la faim Les steppes ouvertes au ciel divin d'indigo fou Adolescent, je galopais parmi le troupeau géant dans une plaine de feu où le tonnerre est doux
Palme d'un esclave qui rafraîchit mes rêves Près d'un oasis au milieu du désert d'or Les chameaux boivent tandis que les hommes fument Et je regarde le couchant reflété par l'eau calme
Attention à la diligence ! Le soir arrive en lisière De la ville qui s'endort et s'enfonce dans l'oubli Le Ventre gronde, quand certains fumets retroussent Les cordons des bourses des passagers affamés
Petite fille aux yeux ouverts comme deux grands lacs Qui regarde inlassable la Lune ronde danser au ciel Avant de dormir, rejoindre les sables des fables Des grains de poèmes virevoltant sur une plage d'étoiles
XXIV. Pantoun
Dans le matin timide les couleurs se séduisent Les nuages fleurissent roses à l'aurore rouge Pour un amour courtois flambant le pourpre aux joues L'éclair qui frappe lie les cœurs en bouquet
Les nuages fleurissent roses à l'aurore rouge La tempête s'avance et commence à chanter L'éclair qui frappe lie les cœurs en bouquet Et l'ouragan déclame des poèmes éventés
La tempête s'avance et commence à chanter Quand les nuées noires s'accordent en grondements Et l'ouragan déclame des poèmes éventés Tout se relâche et arrose le rampant
Quand les nuées noires s'accordent en grondements En la lancés par les armées de gouttes Tout se relâche et arrose le rampant Dans le matin timide les couleurs se séduisent
XXV. Aromantique
les poètes ont l'art poétique du fantasme fantoche de plaisir à inverser à loisir ils se damnent pour des caillasses
il suffit de lire, comme toujours, de lire leurs idéales images de bonheur sacré censées être LA poésie quintessentielle
les femmes des îles exotiques le ciel, la mer, l'amour, la mort le pauvre, le luxe, la chair les élans, le cœur, la fille la nature, le dégoût, l'ivresse baladent leurs chaînes dans les greniers du vers
exemple : les poètes et la forêt de Fontainebleau forêt artificielle créée par Colbert les romantiques ont trouvé là l'expression ultime de la nature sauvage (surtout, ne pas rire) ils l'ont défendue, ils l'ont protégée Victor Hugo dans le tas pour en faire un domaine artistique Ô Nature ! Ô Beauté ! alors qu'elle n'est que construction humaine
Ces gens-là nous abreuvent de fantasmes et ils ont construit nos mondes poétiques !
Voilà pourquoi il faut écrire d'autant plus les faire tomber dans l'oubli notre papier venant de leur forêt bien sûr | |
| | | Liam Daläa Chef Administrateur
| Sujet: Re: Poèmes en fraude Sam 19 Oct - 15:23 | |
| - Mario a écrit:
- Hugo se préoccupant de la misère humaine, j'suis pas convaincu.
Moi, si. Aussi bien par son engagement artistique que politique. Il ne s'agit pas, là, d'être proche des mendiants pour les aider, il s'agit de s'occuper de leur sort. Je doute que Verlaine aie de telles préoccupations. - Mario a écrit:
- De toute façon je parle des poètes, je ne vois pas ce qu'il vient faire ici *sort sous les huées*.
Je hue aussi ! Non mais ! Comment peut-on insulter un si frais romantisme ! Il fait parti de mes idoles ! - Mario a écrit:
- Le titre du premier poème est au début, hein...
Ahhhhhh ! Il fallait le dire ! Bon, certes, "Élévation" aurait pu m'éclairer, mais le truc c'est qu'on ne peut le lire qu'une fois après avoir fait défilé le poème, et donc l'avoir lu ! Et puis, il est très bien à l’envers aussi. Il reste plus grammaticalement correct que mes derniers poèmes, et musicalement ils restent bons. Par contre ça change parfois beaucoup le sens, la première strophe, par exemple... (Je l'avais compris comme ça du coup : L'univers nous regarde depuis un Soleil qui bout tout en espérant que Dieu nous garde de l'humain au caillou, c'est totalement différent !) Mais, du coup, je vais devoir le commenter à l’endroit aussi, en plus il est quand même meilleur à l'endroit ! Bon, je commenterai tout ça quand j'aurais assez travaillé mon Latin !
Dernière édition par Liam Greishup le Lun 16 Déc - 16:34, édité 2 fois | |
| | | Mario Ecrivain
| Sujet: Re: Poèmes en fraude Sam 19 Oct - 17:16 | |
| Je sais bien qu'il fait partie de tes idoles. D'ailleurs j'en ai remis une couche pour toi dans les nouveaux poèmes *trolololo*
Je le conçois comme poète, mais je suis sceptique quant à la production boulimique, alors qu'un adolescent comme Rimbaud change la poésie française en deux trois poèmes. Je partage avec ce dernier un certain ressentiment de nos références, le Parnasse, le romantisme...le romantisme m'insupporte plus que tout, a lancé la poésie sur un terrain boueux, celui du cœur qui se livre sans pudeur, à tout le monde sauf à la personne concernée. A tout va et sans raison, sans lucidité. Intéressant en demeurant, mais c'est pas ma came, comme dirait Ynos.
Cela étant, je conçois Hugo poète dans les Contemplations. Moins dans la Légende des Siècles. Mais proche des pauvres...vouais, si on occulte la partie politique de sa vie, la fréquentation du pouvoir, la répression des insurgés de 1848 (il a exprimé ses remords ensuite, alors on lui pardonne tout) Petit papier savoureusement venimeux du Monde : http://correcteurs.blog.lemonde.fr/2011/01/08/victor-hugo-aimait-les-ouvriers-bien-saignants/
Mais je manque de partialité...il faut avouer que la suite de sa vie, l'exil et le retour, est grandiose. Grand homme sans aucun doute, avec ses erreurs de parcours, c'était une girouette politique qui s'est ensuite fixée sur un concept précis et qui a défendu les ouvriers etc.
Je rappelle cependant que Verlaine était sur les barricades de la Commune, ce qui lui a valu la surveillance de la police française à Londres, au milieu des autres exilés surveillés. Verlaine a connu la prison, les cercles littéraires, la honte de l'homosexualité (ce pour quoi il fut emprisonné, et non les deux coups de feu tirés sur Rimbaud). Déchéance complète, il a connu la pauvreté, il en a parlé dans ses poèmes, donc oui, il me semble plus intéressant que le sieur Hugo, qui n'a jamais souffert que de loin de la misère. On peut dire que cela lui permettait d'écrire dessus, mais je préfère le poète qui a vécu la chose plutôt que celui qui la vit par procuration.
Après, parler de s'occuper des mendiants...l'idée me semble trop actuelle pour défendre un personnage du 19ème. | |
| | | Mario Ecrivain
| Sujet: Re: Poèmes en fraude Jeu 7 Nov - 23:36 | |
| XXVI. Accroche
Un vieux restait à sa fenêtre tandis que je bossais, à l'époque, avec un téléphone aimable le vieux passait sa journée la tête dehors ou me regardait répondre avec mon combiné d'enfer
quand je le regardais à mon tour je me disais que je prendrais bien sa place à regarder sa rue à toute heure lui, il est possible qu'en me voyant il se disait la même chose
XXVII. Décroche
(Qu'elle continue, de tristesses cachées de s'élever en points de suspension Incompréhension de la vie / Illusions perdues sur la tonalité de son bonheur...)
Mario-Poetry-Corporation-Bonjour ! je me souviens d'ailleurs de quelques voix Pouvez-vous me donner votre numéro de poète ? une Nour grave et douce, un Michel alcoolique compulsif Je vous écoute mais celle qui restera gravée sur mon tympan Vous souhaitez renouveler votre abonnement baudelairien ? est la voix qui a trop pleuré En prenant la formule Nerval, on vous assure d'être déshérité cinq enfants, veuve depuis cinq mois pension veuvage active depuis lors Vous avez le droit à un remboursement sur vos litotes elle était douce, attentive, calme et drôlement sereine Ah non, votre poète-traitant ne collabore pas avec nous pourtant il y avait derrière elle un cortège d'échos désespérés des pleurs la gorge étouffée nouée sur elle-même dans la douleur qui finit par éteindre le corps j'ai fait tout ce que j'ai pu pour l'aider, sans m'en rendre compte empathie naturelle, la fameuse amie du conseilcombiné mais je ne voulais plus qu'elle crie, plus jamais que tout lui soit désormais facile qu'elle retrouve le sourire, qu'elle aperçoive le bonheur quelquefois sans souci tout ça dura un quart d'heure car je devais faire du chiffre, du rendement mais il m'arrive encore de l'entendre cette déchirure contre mon oreille chaude Mario-Poetry-Corporation-Bonjour ! | |
| | | Mario Ecrivain
| Sujet: Re: Poèmes en fraude Lun 18 Nov - 22:22 | |
| XXVIII. November
Les passants promènent le vent oiseaux de gris Un frisson au col les prend et puis s'enfuit
Aux feuilles mortes se frottent les pieds frileux La magie porte quelques tourbillons heureux
Des couleurs en fin d'éclat sève évanouie Craquent, orchestre-fracas de pieds inouïs
Suivies des tendres tendres morsures du givre Sans plus attendre Quand la froideur se livre.
XXIX. Procès gatocrate
Simerollio, le député des rêves du Sud maire de la capitale des absinthes stellaires a été emprisonné pour détournements oniriques accusé coupable de la crise des étoiles sucrées
- Avouez ! Avouez vos crimes de matou ! Nous savons ! Hurlent des caméras hystériques aliénées - Avouez ! - Il faut qu'on écrive, vous comprenez, il le faut ! Donner votre jus pour qu'on récolte le nôtre !
Lui garde la moustache fière parmi les flashs félins Que d'yeux fous libérés lâchés par laxisme... - On inventera bien pire si vous ne parlez pas ! - On remplace votre réalité, on a des idées d'irréel !
Il se met à table, évidemment, réclame un menu décent avec loukoums, thé brûlant goût glacé noix de coco La table enfile une nappe d'avocate et plaide pour l'omelette vénusienne ramenée à feu doux
Simerollio ? Voici ce qu'il raconte : une étoile son amie Malacala, amie d'enfance, amie de coeur, amie de chair a vu un chat fameux se goinfrer dans le cratère d'une voisine qui rougissait comme Mars après l'été au centre-galaxie
Ni une ni deux ni trois elle proposa au coquin malin qui ne l'était pas, de profiter d'un atterrissage en douceur dans les criques de ses cirques (elle se prend pour une lune, la pauvre). L'autre devint météorite fumante dans la terre !
- Quid ? Qui ? Qui a osé se montrer aussi félinement... L'astre ouvert à la première lueur venue...inconcevable ! La révolution accélérée sous le charme...insupportable ! On signale donc un gatocrate : l'affaire devient étatique.
Il va sans dire, je le souligne pourtant, voyez-vous que les yeux de perversion laissent libre cours à l'histoire en marche marathonienne vers le scandale qui s'enfuit à toute jambe à son cou. (applaudissements)
Un chat, un chat du Parlement, aurait fauté ! Voilà une vérité inaudible pour les aveugles bavards Quid ? Comment ? Identité ! Historique ! Pedigree ! Où crèche la gouttière d’égout de ce noble bâtard ?
Vite, vite, on retrouve l'étoile en plein maquillage pour qu'elle illumine au loin les visages absorbés Puis c'est l'âge qui se soigne des outrages des tours et des tours autours des soleils immortels
Pour un nom, un rattachement à une constellation La pauvre estrella veut bien tout dire, et bien plus que ça Si bien que l'amant est livré au détour d'un cachet-lifting - Flipeto Contador ! Le Ministre-Tyran-Ronron lui-même !
qui apparaît d'une cape noire enveloppé, sabre au clair Il tranche la Grande Ourse et perfore la Vialactée Il siffrone en pleine gloire, mille planètes derrière lui et condamne à la diète l'accusé et l'étoile sans révérence
La crise des étoiles sucrées passera en guerre totale de capes & de crocs, de soleils & de lunes, de sucres & de thés - On a beaucoup parlé de l'absence de la Marquise des Chats mais cela sera l'objet d'une prochaine une - ou deux. | |
| | | The shadow Chef correcteur
| Sujet: Re: Poèmes en fraude Mar 19 Nov - 0:05 | |
| J'ai du mal à saisir le symbole du chat, faut il y voir un rapport avec les "fat cats" ? Sinon, c'est un régal cette dose de fantaisie que tu nous sers, pile à l'heure en plus. | |
| | | Mario Ecrivain
| Sujet: Re: Poèmes en fraude Mar 19 Nov - 0:11 | |
| Aucun symbole, juste un univers créé avec Deedlit au sein de la fantaisie, la gatocratie, où les chats sont les rois et commandent. Flipeto est le Tyran qui aide la seule humaine au-dessus des félins (et c'est son chat, au passage, le fameux Flip !). Pas fait essprès pour l'heure | |
| | | Liam Daläa Chef Administrateur
| Sujet: Re: Poèmes en fraude Mar 19 Nov - 15:33 | |
| Ψ4εστ τοθξοθρσ φθν
Oups, j'ai oublié de changer de clavier, je voulais dire que c'était toujours fun. J'ai un retard monstre sur les textes que je voulais commenter. J'ai envie de le faire. Il faut que je relise et que je retrouve ce que j'avais à dire ! Après, je comprend mieux le délire "gatesque" que Shadow, vu que Deedlit m'a un peu éclairci les choses.
| |
| | | Mario Ecrivain
| Sujet: Re: Poèmes en fraude Mar 19 Nov - 19:10 | |
| XXX. Steamer
Sur le parapet des horizons au crépuscule Les rumeurs salées des fonds se bousculent
Le matelot guidé par les étoiles Sur les flots somnole dans leur voile
Le ciel embrase la mer de nuit tempête de feu Le tonnerre devient roulis et cris des dieux
A l'onde calme d'un zénith-caresse de nu Sous quelques palmes respire l'inconnu
XXXI. Love Club
Nous sommes le coeur de Jack. Ce type se tapait tout seul à la sortie d'un bar en périphérie Il n'a rien trouvé d'autre à faire pour se sentir en vie la sentir couler en lui que de s'inventer en mieux
Enfermé entre les genres dans son corps martyrisé par les modèles et le rejet du monde Malade à en crever d'un cancer de la conscience Prisonnier violent aux yeux ouverts dangereux esprit qui passe à l'acte le devient mais qui regrette de voir
Nous sommes les illusions de Jack. Entre Père et Mère, la boxe et le sexe suicide explosif médicament savon Persuadé que tout est réel sauf moi et les causes, la responsabilité l'enfance référence cachée
Marla n'existe pas dans l'innocence du chaos Marla n'existe pas Fumons une demi-cigarette Nous sommes la main tremblante de Jack. Qui s'appuie sur la détente trouver le déclic, son décapsuleur coma un tire-cerveau de la folie fermentée Nous sommes le mythe de Jack. celui du parfait sauvage qui fait sauter la civilisation par l'amour et qui aime un ange de l'innocence du chaos.
Marla n'existe pas Fumons une demi-cigarette
XXXII. Face Caméra
un bon acteur un bon film montre parfois l'état de la génération état des lieux social comme un poète portant un masque qui colle parfois trop à la peau
Série Noire en exemple. Dewaere. montre l'horreur au milieu du vide des HLM insulaires abandonnés dans les terrains vagues où il danse et joue un jazz de mime dans un hiver sordide
en errance, en danger quotidien, engagé meurtrier, assassin de sa propre femme, voleur folie, perte de contrôle ou perte du sens des ghettos silencieux de la vie française ces grands ensembles, falaises sans vie perdus au bord d'une mer du vide la banquise des âmes échouées
Trintignant fait l'ado prostituée par sa tante part féminine, part de jeunesse ivrée d'abject elle finit libre, libérée, enserrée, volant dans ses bras
- On n'a plus rien à craindre, Mona ! dit-il dans la nuit d'une rue noire froide et silencieuse d'une banlieue morte
Au summum de leur état amoureux Malaise général The end.
XXXIII. Suddream
Je fais rêver jusqu'aux étoiles c'est un vrai métier, monsieur je ne suis jamais aussi heureux, pour vous dire, que lorsque je finis un quart d'heure avant
je me lève tous les soirs à l'inverse des gens du commun enfin je dis communs parce que je suis seul le soir dans ma garderie stellaire
je raconte des histoires, d'anciens contes je chante des poèmes sur la guerre du Temps contre l'action des vivants ponctuels Quand je les entends ronfler doucement je quitte mon bleu de travail pour les rejoindre invisibles le jour au lit du ciel c'est ainsi qu'on roupille le mieux
je me fais vieux, ma retraite arrive d'une autre galaxie qui cotisait pour moi j'irai dormir sur des lunes en fleurs de comète des jardins luxuriants d'arbres de chair
je cherche un successeur qui n'a pas froid aux cieux quelqu'un à l'inverse du commun je dis commun parce qu'il vivra seul toujours
il devra savoir bavarder toutes les nuits mes étoiles sont exigeantes et difficiles, attention mais avec un ou deux poèmes épiques épicés de tendresse elle ronronneront en cascade d'alexandrins
Personne ? | |
| | | Mario Ecrivain
| Sujet: Re: Poèmes en fraude Lun 25 Nov - 21:38 | |
| XXXIV. Les travaux de nuit
J'entends parfois à minuit passé Des coups portés contre un mur Qui résonnent dans le silence En ondes brusques et répétées
A croire un marteau insomniaque Une moquette noctambule Qu'on cherche à immobiliser Jusqu'à la fin d'un souffle rompu
Petit je croyais que des tableaux Tombaient la nuit pour aller dormir Abandonnaient leurs cadres de travail Leurs patrons les replaçaient
Maintenant je connais le rythme L'identité de ces ondes de bruit Alors je souris en saluant de loin Ces braves travailleurs de l'amour
XXXV. Liminality
Tu ne sauras pas, j'ai dit là-bas nom d'un tanka ! Tu ne sauras pas, j'ai dit comme ça L'Angelica
Une venus sortant des eaux du caniveau d'un Pygmalion qui lâche de haut tous ses cerveaux
La première fantaisie des pages Blancheurs de sage Un mage d'amour juste une image en nage de rage
La Grande Sonorité du Vent Que trop violent des mystères s'échouaient souvent aux plages devant
De quoi remplir des haïkus flous Triple matous Polaroids rien que de flou griffant partout
Parce qu'il n'y a rien à savoir Surtout le soir rentrez chez vous y'a rien à voir puis il est tard
L'heure de la vie du Petit Prince Si blond si mince Pour une femme-fleur il en pince Et ses dents grincent
Ma fleur est-elle encore en vie ? Ni non ni oui Juste l'idée qui hante qui luit qui terrifie
En course les planètes chantent La petite plante Elles se fanent en flammes charmantes Le rêve décante
Une voix furieuse celle du refus d'en dire plus sur une Lune fleurie de mues secrètes et nues
Tu ne sauras pas, j'ai dit là-bas nom d'un tanka ! Tu ne sauras pas, j'ai dit comme ça L'Angelica | |
| | | Mario Ecrivain
| Sujet: Re: Poèmes en fraude Jeu 23 Jan - 17:05 | |
| XXXVI. Whisky Karma un comptoir couvert de malts une nuit promenade sur les berges tranquilles de la folie à côté une diseuse d'aventures bonnes ou mauvaises novellise en live sur le futur pour un petit thé baileys en plus - Tu retrouveras tous tes verres gorgée par gorgée après gorgée comme le déchet du fond qui stagne qui chiale et qui remplit sa pinte - C'est comme ça, chico Il y aura un prix à payer à chacun son whisky karma Dans le silence des étoiles passent les heures à la radio Brahms, Dvorak, du klezmer Un grand homme vient de mourir mais l'important à 5h25 à ce moment c'est le discours du ministre dont tout le monde se fout et dont tout le monde parle car il est joli dans son grand costard Un couple se sépare, la guerre continue dans les bouches de pop-corn boulimie partout sous les étoiles silence ; dans la voix du speaker - Vois-tu fataluno, nous nous gavons d'insectes de nourrissants éphémères nos estomacs remplis de fiel se couchent bienheureux dans nos salives de scandales fort en bouche Il y aura un prix à payer à chacun son whisky karma des filles dans la rue demandent du feu à tous les inconnus le pas titube hésite vacille et finit par flancher avec le reste sur le plancher de la saleté à deux plaques du caniveau Un précipice d'horreurs rires en fuite vers rigoles noires - vas-y boy, vas-y saoule-toi toutes les nuits ! deviens-fou ! deviens-toi ! On l'est pas mais on y croit pour le genre, la classe, le style vis avec nous l'instant de relâche en craignant les lendemains banals normaux, ça nous ressemble mais c'est qu'on a peur madame, monsieur, vous le savez, n'est-ce pas c'est juste de la peur, partout le noir Il y aura un prix à payer à chacun son whisky karma Le sucre du sirop des rêves soigne les maladies graves découvertes par les docteurs en poésie nouvelle révolution des mots la musique le sens l'essentiel de la beauté en partition Symptômes de la fantaisie rien de grave, rien de grave juste un appel à la contemplation millésimée par la poésie Nos poèmes sont des années Comptez un an par vers. - tu es parti, buveur d'âmes pour un vin d'encre fruité Tant que tu gardes les yeux ouverts, ton vignoble de vent Profite des arts de la table d'écriture épicurienne de fin gourmet lecteur plume de goût Il y aura un prix à payer à chacun son whisky karma | |
| | | Princesse Alice
| Sujet: Re: Poèmes en fraude Ven 24 Jan - 12:42 | |
| J'aime bien quant tu parles des poètes ou de la poésie, ce qui est assez rare en général, on en dit beaucoup, comme tu dis, et c'est souvent bof ou moyen, chez toi c'est assez juste. Aprés t'écris beaucoup, j'arrive pas à suivre, à chaque fois je me dis "tu reviendras lire la suite" et je le fais pas... Il n'empêche que c'est agréable à lire, j'ai juste quelques soucis psychologiques de concentration certainement. | |
| | | Mario Ecrivain
| Sujet: Re: Poèmes en fraude Ven 24 Jan - 20:39 | |
| Oui, j'écris pas mal. Pas assez à mon goût, trop par rapport à...à quoi en fait ? selon moi j'écris, ça ne va pas plus loin. J'essaye de capter et coucher des idées, des images. Des concepts, une fantaisie, plus rares ces temps-ci. Mais bon, j'essaie d'écrire un texte par semaine au moins, sinon j'ai l'impression de m'éloigner de quelque chose de vital... | |
| | | The shadow Chef correcteur
| Sujet: Re: Poèmes en fraude Sam 25 Jan - 23:01 | |
| Inspiré par le discours de Hollande le début de la deuxième strophe ? | |
| | | Mario Ecrivain
| Sujet: Re: Poèmes en fraude Sam 25 Jan - 23:33 | |
| Plus l'histoire du moment, qui est d'une inutilité... | |
| | | Mario Ecrivain
| Sujet: Re: Poèmes en fraude Ven 31 Jan - 15:53 | |
| XXXVII. C'était mieux avant
on entend quelquefois des poètes dire à propos de certaines poésies nouvelles "vraiment...c'était mieux avant !" on rend grâce à l'alexandrin le vers étalé comme un papier à musique les romantiques, les mythologiques allégories et métaphores ô Nature et tout ce qui a disparu une légende de notre siècle ça c'était mieux avant il y a bien sûr les maîtres qui n'ont jamais fini d'enseigner qui nous disent à voix basse qu'il y a mille chemins différents et que nous devrons tous les emprunter mais les poètes refusent la marche car c'était mieux avant il arrive de penser même que la poésie est dans une impasse du tout-dit, du rien à dire alors l'homme maudit son passé ces vies qui l'élèvent sans lui dire où aller alors le soir sans espoir, auprès d'un verre isolé dans l'univers on se dit comme ça ...c'était mieux avant l'inédit fascine pourtant mes plumes (mes touches de clavier et mon encre virtuelle) il avance encore sur les chantiers blanchis des sentiers parsemés par de nouveaux soleils bercé par d'anciennes chaleurs j'écris j'écris jusqu'à égorger chaque carreau dessiné pour traquer les promenades du futur et j'espère me dire, à la fin de mon vers au point final du poème qui porte mon nom c'était mieux devant XXXVIII. Aquafortiste Tiens mon garçon, bois ton eau-forte d'un coup sec c'est plat comme la mer sous la lune noir & blanc, alcool d'images sous les combles se dévoilent tes fantômes la famille de tes lignes parcourues bois ! bois encore, ils arrivent à l'heure du repos où l'eau-forte s'écoule Ton monde fait de fumées de poussières a des formes de regards hagards bouches de cigares, lunettes tintées de son lèvres de cendres aux cils embrasés de givre l'univers blanc & noir des fantômes recouvre tout comme un linge de bébé cousu avec une pelote de temps coloris des vies camaïeu des morts Bois encore ! finis ton verre garçon les ectoplasmes murmurent en soupirs frôlements d'aile, frissons d'elle des fracaresses indicibles te parviennent Tout s'écoule tel un fleuve concentrique qui te lave, te relave avec ta propre eau tu retrouveras, tu retrouves à chaque pas à chaque siècle tes fantômes sont là tu La retrouveras dans 60-70 ans l'eau-forte à portée de la canopée du cerveau Lui, il sera prêt de toi au siècle prochain tant que tu marches tant que tu tiens Déjà la fumée s'estompe en estampes cérébrales L'air du temps de ton plancher-lit en bois doux c'est plat comme le plat d'une mer de plumes noires & blanches, les vagues d'un alcool d'images | |
| | | Mario Ecrivain
| Sujet: Re: Poèmes en fraude Sam 8 Fév - 2:45 | |
| XXXIX. Le Comique et sa plaque posée sur une rue pour guider les chemins il était 6h44 du matin ce soir là à quelques étoiles près la terrasse sur la place encore pleine officiait parfaitement comme un tarmac voyage en escales Ecosse, Antilles, Russie, Mexique arrivée en France à l'heure prévue on se dit alors qu'on en a vu du pays dans la chaleur des degrés provoqués par un tout petit type ces stars de quartier que tout le monde rencontre il s'appelait Meg Maddle un`artiste des fins de nuit bruyantes en perpétuel one-man-show nocturne car il adore les bourrés qui titubent pour applaudir ils sont plus francs que les sobres il se présentait avec un haut-de-forme défoncé des bretelles roses pour tenir un pantalon large déchiré une t-shirt de marin décoré et le tout racontait sa vie dans la rue le monde considéré comme sa scène il ne vivait pleinement que là entre deux poubelles un caniveau des mégots ou des merdes de chiens les planches de ses plus belles années ses spectateurs rigolent toujours très fort à chaque escale de Meg Maddle si vous ne buvez pas il est possible que vous vomissiez XL. Pourboire pour un autoportrait flatteur un bouquin toujours en poche un nanar critiqué quelques poèmes de musique pensée des chansons qui ne passent jamais à la radio un bulletin de vote blanc de lucidité la politesse à la bouche le silence dans la contemplation un ou deux bars favoris à un carrefour l'anonymat conservé comme un trésor de vrais amis, moins d'une dizaine un rire qui recouvre tout la foi retrouvée devant la Nature le futur qui ride le front les images d'un monde personnel servent à reconnaître un honnête homme à qui j'offrirai un verre XLI. En bas de page Certains écrivains, disons des artistes pour me faire bien voir (pour une ligne ou deux ?) me font penser à ce prof de faculté qui mettait son prénom-son nom à chaque page de ses cours, powerpoints, tableaux, graphiques... le type parlait comme un croque-mort parle d'un système de crémation rapide devant une famille dévastée (je laisse deviner qui peut être le défunt) personne n'écoute ni ne note mais lui il signe son oeuvre après tout pourquoi pas au cas où, on ne sait jamais attention au plagiat... et c'est vrai que c'est bien de marquer son oeuvre montrer qu'elle nous appartient même si personne ne fait attention à nous je crois que c'est nécessaire au final assez touchant XLII. Secret d'Etat
La gatocratie dans ses couloirs la nuit discrète passe ses lois lance des bribes dans les fumoirs des fumées secrètes sucrent les bois
Le pire est le peuple prospère qui se pare de révolutions ! Mais la Marquise rêve et opère en sous main par ses espions...
du haut de son Trône Félin sa frimousse commande la paix céleste ses guerriers en deviennent mutins or le pouvoir n'est pas en reste ;
- Andaluna ! Andaluna ! crie-t-il alors... La foule en liesse prend place au palais elle défile en rimes pour les morts petits et fous quand ils chargeaient
se joint à la garde en l'honneur de la Marquise bienveillante les chants sacrés et les sonneurs assurent la marche triomphante
Un soir le noir dans les litières retrouve quelques secrets d'état Le peuple est fou mais il est fier d'être au palais encore une fois...
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| | | Mario Ecrivain
| Sujet: Re: Poèmes en fraude Sam 8 Mar - 10:02 | |
| XLIII.
- Patron, une Black Tears ! - Avec ou sans jus ? - Je veux ressentir mes pires souvenirs. Sans !
- Patron, une bière de nuages ! - A cette heure ? - Le temps est déjà lourd, je veux voler.
- Patron, une Vicky ! - En manque de points d'accroche ? - Le réel me manque.
- Patron, une Emerald Midnight ! - Tu ne veux pas voir l'aube ? - Ni même les autres...envoie les frangines.
- Patron, une Rose des Sables : - Du mal à dormir ? - Plutôt à m'orienter dans le vide.
- Patron, encore une... !
j'ai tout essayé dans ce bar pour calmer mes envies d'écrire et je crois que je tiens enfin le bon médoc qui me manquait quand je regarde la serveuse qui chiale
XLIV.
Ce n'est pas la pudeur qui me donne ce masque fou mais plutôt la roue des heures qui enfante pensées partout
Ce n'est pas le secret qui protège ma vie privée mais plutôt la foule de traits qui s'ajoute sur le papier
Ce n'est pas le silence qui dicte mes mots choisis mais plutôt ma belle absence qui élit ses favoris
Ce n'est pas la couardise qui dénigre mes expériences mais plutôt mes ronsardises qui me hantent et qui m'avancent
Ce n'est pas une malice qui détourne le ver du fruit mais plutôt quelques délices qui chantent la vie la nuit
Ce n'est pas un calcul qui sélectionne ce qu'il doit dire mais plutôt une drôle de mule qui improvise en mieux en pire
Ce n'est pas vraiment sérieux C'est pourtant ma poésie Ce qu'il faut pour être heureux Rêve Amour & Fantaisie
XLV.
j'ai perdu mes phrères et je les retrouverai
je les appelle par leurs prénoms composés de E, de A, de F et de Y et je sais que dans le futur nous marcherons encore ensemble
dans toutes les langues nous avons voyagé entre les sons, les histoires nous avons connu les guerres, couru les mariages et puis la mort
tout s'éteint et recommence notre chance toujours à notre portée pour se retrouver au sein du même Mot, ce que certains ailleurs désignent
Dieu ou autre auquel aucun de nous ne croit
sera notre dernière demeure d'un nouveau voyage
et s'il faut ne croire qu'en une seule chose je m'accrocherai à leurs coeurs qui sont mien mes yeux réunis dans les siens dans la lumière familière de notre maison
quelque part dans l'univers
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| | | The shadow Chef correcteur
| Sujet: Re: Poèmes en fraude Sam 8 Mar - 12:16 | |
| C'est frauduleux mais ça a le gout de la poésie, et en plus c'est servi avec générosité.
C'est des vrais noms de boissons ?
- Patron, le XLVI by Mario !
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| | | Mario Ecrivain
| Sujet: Re: Poèmes en fraude Sam 8 Mar - 14:40 | |
| Non, des inventions oniriques personnelles
Black Tears : liqueur de mauvais souvenirs. Ça peut aller des simples pleurs au malaise. Généralement utilisée comme poison, certains apprécient de la boire pour se remémorer de tristes instants.
bière de nuages : servie dans Infinity City, la capitale des nuages, elle permet de se sentir flottant, léger comme un nuage porté par le vent.
Vicky : d'abord, ce fut une poudre à avaler. Passée en boisson, elle permet de voir la réalité de plusieurs manières, de s'accrocher plus intensément à l'instant, et de voir les proportions devant tes yeux d'une manière altérée, c'est-à-dire éminemment exacte. Je l'appelle souvent "liqueur de distances", ou "les degrés des dimensions".
Emerald Midnight : une absinthe émeraude, avec sur les flots du verre une lune blanche, qui permet d'être ivre sur plusieurs jours, les oublier, et laisser passer le temps. Sorte de métaphore de l'écriture.
Une Rose des Sables : pour les insomniaques. Liqueur ressemblant à de la liqueur d'oeuf mélangée à de la pâte sablée. Permet de s'orienter dans le désert du non-sommeil au plus profond des nuits. | |
| | | Princesse Alice
| Sujet: Re: Poèmes en fraude Jeu 13 Mar - 20:08 | |
| Moi j'ai bien aimé, c'était cool. | |
| | | Mario Ecrivain
| Sujet: Re: Poèmes en fraude Dim 16 Mar - 22:39 | |
| A la petite méchante
XLVI. Nid d'amour
Nous sommes assis sur une colline de verdure entre les neiges éternelles qui jouent au vent les petits rats de l'opéra sous nos yeux l'hiver entre la mer calme et lumineuse, bercée sous un soleil jaune pâle tendrement chaud de décembre
en grandes pierres blanches couvertes de lierre la maison se dresse en Eulalia, notre terre de fantaisie, rêveries où nous faisons rejoindre nos esprits mis en commun dans l'espoir des dernières retrouvailles dans une réalité rose
Un armoret, notre jardin de mer, verger de fruits de l'océan, des fleurs-coquillages, des oiseaux de sel conduit au hall immense, résonnant comme un théâtre qui accueille des escaliers mouvants qui clament qu'on leur dise où ils doivent aller, tous pour un !
passage par le salon bibliothèque à moitié rempli parsemé de fauteuils qui font s'enfoncer les douleurs du corps, des lits romains collés à des tables de chevet qui passent quelques vyniles oubliés de musiques anciennes quelques chants captés au hasard de l'histoire
la cuisine gigantesque livre ses fumets à la mer en face ou l'air de la mer affame quand il livre son cortège de vagues les tables gargantuesques sont fournies, garnies de victuailles, desserts de pensées sucrées, rêveries confises, confitures de sourire, crèmes philosophiques
d'autres pièces sont cachées dans toute la demeure : la salle des instruments de musique, qui vivent là en totale liberté ; la penderie des vêtements qui s'habillent tous seuls ; les toilettes écrans connectées au monde, dans le lieu le plus solitaire possible ; et un parc de jeux sous un escalier...
Un grand confort a été voulu pour la salle de bain, simple forêt pourvue d'un lac, que crée une cascade en roucoulements elle est chaude, souffle une douce buée sur des bulles fraîches de savon à la menthe ou à la framboise...des petites nuées fruitées boisées habillent le nu des corps lavés de verdure
les fleurs poussent partout dans les couloirs qui mènent à la chambre deux balcons signent l'aube et le crépuscule sur le lit à baldaquin d'ébène ; il repose sur tous nos livres favoris le reste des murs est tapissé de photos, poèmes, citations comme des tags pour se rappeler des plus grandes beautés
le lit est profond, il peut accepter un homme debout ou allongé ou deux corps ensemble dans l'insomnie de la tendresse car après avoir salué tout ce qui vit sur notre monde jusqu'au dernier de nos chats au pelage multicolore inconstant comme le ciel, déchiré comme une tempête au large
relâchement complet dans nos cieux de draps légers pourpres on se respire les yeux dans les yeux en pleine immersion, lâché l'un dans l'autre, coulé, en pleine renaissance au sein de notre chaleur, quand des volutes sonores s'échappent de notre peau je m'évade en errance entre ton coeur et tes yeux
le matin signalerait sa présence par ses rayons sur le lit j'irai préparer un repas copieux avant de recopier les vers d'encre dorée et argentée que je vends toujours aux fées nous irons discuter avec les oiseaux, les albatros du large ou les aigles des sommets, parmi le règne des fées poètes
et je fumerai au zénith de la douceur du tabac d'orchidées tu seras non loin, à dessiner à l'encre de Chine nos derniers rêves après quelques thés venus de pays parallèles, où le temps et les rêves relèvent d'une véritable gastronomie... aux crépuscules je respirerai l'odeur de tes cheveux, je contemplerai comme d'habitude à l'aurore ton visage. Mon monde de magie. | |
| | | The shadow Chef correcteur
| Sujet: Re: Poèmes en fraude Mar 18 Mar - 14:06 | |
| qui clament qu'on leur dise où ils doivent aller, tous pour un !
Un peu rude ce passage, il y a de quoi trébucher dans la lecture.
vyniles
Pas mal cette inversion des voyelles. Le "vy" est visuellement surprenant.
Sinon, c'est sympa de voir quelqu'un ressortir la strophe à 5 vers, même si on peut parfois s'interroger sur la nécessité des retours à la ligne, je pense à ce passage par exemple:
on se respire les yeux dans les yeux en pleine immersion, lâché l'un dans l'autre, coulé, en pleine renaissance au sein de notre chaleur, quand des volutes sonores s'échappent de notre peau
Mais bon je vais pas non plus me plaindre d'avoir autre chose à lire que des quatrains cadrés et monotones. | |
| | | Mario Ecrivain
| Sujet: Re: Poèmes en fraude Ven 21 Mar - 19:27 | |
| XLVII.
Près d'un parc à souvenirs de môme j'ai rencontré à l'orée d'une promenade
une femme qui chantait quelques amours elle emprisonnait avec doigté un violoncelle noir qui vrombissait comme un oiseau ravi d'être en cage
elle était là, à l'orée du monde à se raconter la fuite, les quais de gare les matins solitaires sur les routes les aéroports, les cales des cargos
les départs qui traversent le corps qu'on finit par écrire en partitions les absences vivaces qui n'en finissent jamais de renaître à chaque éclat
de voix des cordes sentimentales qui courent en riant tout de même près de ce parc à souvenirs de môme | |
| | | Mario Ecrivain
| Sujet: Re: Poèmes en fraude Lun 7 Avr - 19:05 | |
| XLVIII. Gentille Petite Réclameuse
C'est qu'elle commande quand elle demande qu'elle choisit avec goût ses loisirs en sourires, ses jolis caprices qui sont délices tyranniques je n'y coupe jamais
je me plie forcément à sa volonté d'enfer ses idées fixes sur la tendresse des fées pas le choix ni échappatoire la GPR veille à mettre en marche forcée l'endormi l'immobile le contemplatif
Rien à faire, vous dis-je ! sinon obtempérer d'un bon pied doux baiser si elle veut, juste si elle veut seulement, gare gare à la petite méchante ! elle connaît des sorts timides qu'elle hante
sous le joug de son regard malin je remercie le grand chaos aléatoire de l'univers les divinités de tous nos salons cosmiques de satisfaire le moindre de ses désirs c'est l'un des sens de ma vie ici | |
| | | Mario Ecrivain
| Sujet: Re: Poèmes en fraude Ven 2 Mai - 15:17 | |
| Merci à Shadow pour le morceau accompagnant l'écriture. (Bird on a Wire - All the world is green)
XLIX.
Entre les piliers de nos mondes éthérés discutent deux anges de garde en poste au-dessus de la liberté surveillée sur les chemins des âmes
ils surveillent l'afflux des troupes sur le front les soldats du vivant les poilus du réel au son enfui d'un tremblant violoncelle résonne la musique des âmes
passent passent l'ennui les journées les longs jours de pluie et les nuits de soleil les semences de bombes que creusent les charniers dans le temps trottinant des âmes
Nous finirons dans le regard bleu de l'azur dans la main tendue de nuages doux nos voix pulseront quelques murmures au creux des marchands d'âmes | |
| | | The shadow Chef correcteur
| Sujet: Re: Poèmes en fraude Sam 3 Mai - 18:01 | |
| anges, âmes... Pourquoi ce vocabulaire emprunté à la religion ?
Sinon j'aime bien, j'y lis la "guerre" contre ce que ce monde a d'illusoire. Une guerre presque sensuelle contre l'artifice. | |
| | | Mario Ecrivain
| Sujet: Re: Poèmes en fraude Dim 4 Mai - 2:27 | |
| Le poème fait suite à une discussion sur les mystères et la métaphysique. | |
| | | Mario Ecrivain
| Sujet: Re: Poèmes en fraude Jeu 5 Juin - 18:11 | |
| L. Poésigraphie - titre regroupant tous les poèmes traitant de l'écriture & la poésie
Poètes passés sous silence Poésies reposant sur les étagères lassées de l'absence de voix je vous récupérerai pour clamer haut et fort notre futur en commun
d'une écriture qui sait se regarder prise dans la marche forcée vers le gouffre de la plaine morte béantement qui porte dans ses herbes - épis d'encriers la poésie agonisante mais elle vit encore ! par à-coups suffocante
l'écriture historienne de la poésie la critique, la musique la pensée des poèmes mondiaux écriront sans aucun obstacle une poésigraphie nouvelle
supportée par des origamis d'oiseaux noircis par nos sangs d'encre qu'on donne à ceux qu'on devine malades d'absolu emportée par les souffles éternels qui nous parlent à l'oreille de la lecture que la vie, monsieur, madame, je vous le dis non la vie n'est pas morte
L'écriture de la poésie monte aux yeux vers des avenirs aux bras coupés j'entame ici une dernière page avant que ne sonne l'heure un glas de fin de siècle en fin d'après-midi un appel à la guerre au sommeil aux larmes la fin des récréations créatrices nos survivances ainsi que nos espoirs rassemblés dans la main frêle de la poésigraphie du monde. | |
| | | Mario Ecrivain
| Sujet: Re: Poèmes en fraude Mar 5 Aoû - 12:17 | |
| Ecrit sur une table d'un café tandis que j'attendais l'ami Charles.
LI.
Perec disait à la terrasse d'un café
" j'écris la vie avec un mode d'emploi et pourtant quand je regarde devant moi je n'arrive pas à comprendre"
c'est que, les modes d'emploi, il faut le dire sont plutôt difficiles d'accès au sens caché, ils sont indigestes on préfère apprendre par expériences sans autre guide que le temps en alternance feu rouge-feu vert
l'écrivain prétend en faire le poète le dévoiler sans que personne n'y jette un oeil
alors dans toutes les langues il faudrait sérieusement songer d'écrire, en petites lettres d'avertissement
une vie sans mode d'emploi qui serait peut-être une bonne explication de ce que personne ne lit ni ne comprend en toutes petites lettres comme ça cachées averties | |
| | | The shadow Chef correcteur
| Sujet: Re: Poèmes en fraude Mar 5 Aoû - 15:06 | |
| Sympa. - Mario a écrit:
" j'écris la vie avec un mode d'emploi et pourtant quand je regarde devant moi je n'arrive pas à comprendre"
C'est vraiment de Perec ? | |
| | | Mario Ecrivain
| Sujet: Re: Poèmes en fraude Mar 5 Aoû - 16:35 | |
| D'après l'un de ses anciens amis croisé au détour d'une pièce de théâtre amateur, oui. | |
| | | Mario Ecrivain
| Sujet: Re: Poèmes en fraude Mar 12 Aoû - 11:47 | |
| LII.
Ses yeux sont deux désirs innocents à grandir sans mûrir continuer de jouer parmi les adultes sauter à pieds joints insouciante dans le bal des regards aux cils gonflés
elle doit avoir quatorze ans et le monde s'ouvre entièrement à son ambition naïve et pure, naturellement elle regarde, elle regarde simplement seulement comme on cajole ses sentiments comme on les maintient pour mieux s'en saisir
Je souhaite qu'elle donne un amour sérieux à quelques gars plutôt chanceux au mieux d'ici un an ou deux
qu'elle évite les pièges nombreux faciles, cruels, fatals et finalement que ses yeux triomphent partout juvéniles
LIII.
Quand on nage vers le large la pensée s'arrête et seul compte le mouvement la température les courants la houle tout cela devient naturel après que l'eau ait rempli narines et bouche
le ciel se donne et s'abandonne quand mon coeur est le seul à battre dans l'existence bleue
des secrets ancestraux viennent en sirènes chanter de grandes et belles paroles sur le monde soit ma peau et son extérieur dans mes brasses coulées je comprends ma puissance et ma fragilité l'impossibilité d'être rassuré à jamais
les secrets se noient, coulent pour disparaître au retour sur les rivages le bruit qui parvient de nouveau (car le large fait silence) possède chaque fois une saveur de chaleur sinistre | |
| | | Liam Daläa Chef Administrateur
| Sujet: Re: Poèmes en fraude Mer 13 Aoû - 23:12 | |
| J'ai imprimé tes poèmes en fraude à partir d’Elévation jusqu'à la première poésigraphie, j'ai tout lu dans le train et un peu dans la voiture, vu que mon estomac n'y voit pas d'inconvénient. Bon du coup, mon imprimante crie un peu famine, espèce de Victor Hugo ! Mais c'est vraiment plus cool de lire sur du papier. Et je ne regrette pas d'avoir imprimé ces poèmes. Ça m'a permit de les partager, la mère de Gudule en a lu et apprécié certains (surtout le XXII°).
Je promets quelques bribes de commentaires inutiles, bientôt. | |
| | | Mario Ecrivain
| Sujet: Re: Poèmes en fraude Mer 13 Aoû - 23:47 | |
| Merci de faire partager mes poèmes...j'attends vos commentaires avec plaisir. | |
| | | Liam Daläa Chef Administrateur
| Sujet: Re: Poèmes en fraude Lun 18 Aoû - 16:31 | |
| J'ai apprécié beaucoup de tes poèmes. Je ne vais parler que de quelques-uns. L'élévation, une fois passé le vertige de lecture est vraiment chouette. (Je l'ai chanté au piano pour voir. C'est facile à chanter, juste un peu court.) Pour ton poème sur le refus de l'inspiration, il est très bien écrit. Les phrases répétés sont très subtilement placées. J'ai un peu de mal avec certains retours à la ligne, mais dans l'ensemble, tout est bien découpé. Après, sur le fond, j'ai envie de dire que c'est facile de prétendre refuser l'inspiration quand on a une Muse. Le poème de Platoon-poète, est bien fait aussi. Les phrases semblent sortir directement de la bouche de Platoon. Je suis en désaccord avec ces deux vers : " car ils sont lucides et donc blasé/ Les grands hommes", mais être en désaccord avec Platoon, ne me surprends pas trop. Les deux textes suivants sont pas mal, j’apprécie le côté "poème d'anticipation" du premier, et j'ai moins apprécié le deuxième, à part ces deux vers : "Tous les genres littéraires jusqu'au parpaing posé sur un chantier" et "les yeux toujours ouverts, la tête tranché en deux sur le vif-réel" ce sont des images qui me plaisent. Comme je disais le XXII° à particulièrement plu à la mère de Gudule, il me plait aussi. Il est beau et touchant. La "Métensomatose" et "Pantoun" sont remplis de belles images colorées, j'adore la fin du premier et le début du deuxième. Je passe à quelques poèmes qui par le suite ont le plus retenus mon attention : Les traveaux de nuit, ce poème est assez marrant. Le Nid d'amour est particulièrement charmant, le poème suivant aussi, je le trouve très beau. La Gentille Petite Réclameuse fait un très beau portrait aussi. (Criant de vérité si je peux me permettre.) Tes deux derniers sont sympa. Dans le LII° on dirait que tu parles d'une petite sœur. Voilà mais commentaire sont brefs et inutiles, mais je voulais les faire. Merci pour le partage de tes textes. Continue ainsi ! | |
| | | Mario Ecrivain
| Sujet: Re: Poèmes en fraude Jeu 21 Aoû - 9:58 | |
| LIV. Métiers
Nous tapons dans les soirées éteintes sous une plage tendue de lampions en feu des airs pour l'assemblée d'étoiles cardiaques celles qui palpitent comme de grands cils blancs
penchées sur la bonne tenue du monde la mer en miroir des galaxies nous sert un alcool d'algues fermentées les rochers aux visages dévorés par les vagues
elle reste là, offerte, contenue, dans le sable de nos encres les grains épars de feuilles poussées par le vent
il y a, à cet endroit, toute une population marginale et majoritaire
les antiquaires du réel vendent leurs meilleurs moments les collectionneurs de crépuscules bavardent en échangeant les cieux dans des boîtes les machinistes de l'âme réparent un deuil de famille les guides de contemplation dévoilent des paysages secrets à savourer l'Instant de la Nature les gastronomes du rêve mettent la nuit en sauce aigre-douce dégustation de beignets fourrés à la lunaison, encore chauds des cheminots font rouler les petits trains sur la migration de nuages ils relâchent au fond de leurs pipes des vapeurs voyageuses les vétérans de l'enfance racontent les marelles en guerre tandis qu'une pianiste lances des bulles de note bleue les terrassiers et les quaterbeers déplient leurs comptoirs au moment où l'homme d'entretien lustre les constellations un vieux professeur fait valser ses plantes grimpantes puis court vers un cours de cracheur de feu, deuxième année les marins chantent les escales de leurs amours suivis par des jazzmen défoncés à la trompette et quelques bluesmen qui entament Eternity of Life auprès des soleils capturés pour le barbecue Nos oniristes ont déposé des invités prestigieux, une diva-chat de contrebande.
On attendait le ministre de la Poésie mais il n'est pas venu | |
| | | Princesse Alice
| Sujet: Re: Poèmes en fraude Jeu 21 Aoû - 12:04 | |
| Oui, je rejoins Liam sur le fait qu'on ait à faire à des poèmes denses, ils sont sympas je trouve. Ya toujours de jolis vers, aprés si je devais faire une critique, en me basant sur mon avis perso, si j'écrivais ces textes, je l'ai déjà dit en plus, j'épurerai pour rendre des poèmes plus "higth tech", ils le sont c'est pas le truc (celui du trésor, le deuxième de l'avant dernière série est sympa et moderne, c'est du Hugo moderne on va dire), c'est pour laisser un commentaire. Au large la pensée s'arrête et seul compte les mouvements. Si le ciel bat mon coeur et m'abandonne au mât de l'existence bleue aux secrets ancestraux des sirènes -belles paroles brassées vers le monde en silence- le corps donné aux affres nous ramène une nouvelle fois aux portes du trésor. En vous remerciant pour votre compréhension, veuillez accepter mes salutations, Melle Alice LAMACHE. | |
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