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 Un cerisier en fleur

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Mario
Coco.B
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Coco.B
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Coco.B



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MessageSujet: Un cerisier en fleur   Un cerisier en fleur I_icon_minitimeSam 10 Sep - 17:47

ce texte ressemble beaucoup à ma nouvelle "Merci Monsieur Hitchcock", parce que elles sont été écrites à partit d'une même idée de base. Donc pas besoin de le faire remarquer, je le sais déjà.

Voilà, sur ce,

Bonne lecture/chance





Un cerisier en fleur




Un cimetière près de Bordeaux, dans ce cimetière, un cerisier en fleurs et sous ce cerisier en fleurs, une tombe. Cette tombe a une longue histoire, car elle a accueilli deux morts. Pourtant dans le marbre, il n’y a qu’un nom gravé, celui de Jeanne Duval. L’autre mort, c’était son mari. Elle, a été emportée par un cancer. Lui, s’est tué en… Non, avant de vous le dire, laissez moi vous raconter son histoire, en commençant par la mort de Jeanne.

Le médecin s’avançait dans la salle d’attente, tous les regards braqués sur lui, chacun redoutant une mauvaise nouvelle. A chaque fois qu’il passait devant une personne, celle-ci soufflait de soulagement. Mais il ne remarquait qu’un homme dans la salle, celui qui se trouvait tout au fond. On sentait qu’il avait attendu longtemps, son visage en témoignait : il avait des cernes marquées autour des yeux, des cheveux déjà trop blancs pour quelqu’un de son âge, ses yeux portaient la marque de longs chagrins, de milliers de larmes trop souvent versées. Le médecin, tout en avançant, confectionnait un discours pour annoncer à l’homme, ou plutôt Camille Duval, la pire des nouvelles que l’on puisse annoncer, la mort. Heureusement pour lui, Duval n’avait pas encore remarqué la présence du docteur, il ne savait donc pas que cette mauvaise nouvelle était pour lui, le pauvre écrivain qui n’avait jamais rien fait pour mériter ça. Mais cette inconscience fut de courte durée, car l’homme en blouse blanche se trouvait à présent devant lui, le regardant avec cet air grave des situations délicates. Duval ne le remarqua qu'au bout de quelques secondes, et le médecin, sans préambule, lui annonça avec une douceur inconvenante la nouvelle qu’il redoutait d’entendre depuis plus de trois mois. Au début, Camille resta de marbre puis calmement, se leva, prit son manteau et s’en alla d’un pas lent. De l’hôpital, il alla directement chez lui, mais il n’avait pas encore sorti ses clés, qu’il s’effondra dans la jardin, pleurant toutes les larmes de son corps au point d’en être desséché. Il pleurât ainsi des heures durant, quand enfin, au petit matin, il réussit tant bien que mal à se relever et à rentrer dans la maison. Et là, il but. Beaucoup. Tellement qu’à 10 heures il était étendu par terre, ronflant comme un moteur. Il dormit ainsi pendant presque six heures, puis, se relevant difficilement faute à une bonne gueule de bois, il décida d’appeler la famille de sa femme. Se fut un moment très douloureux autant au niveau mental que physique. Physique, car entre une nuit blanche et une demi bouteille de rhum, ses jambes ne le soutenaient presque plus. Mentale, car la mère de Jeanne poussait des cris déchirants, pleurait, suffoquait. Pourtant, malgré cet étalage de chagrin, Camille resta très calme, sa voix ne flancha ni ne trembla pas une seule fois. Mais dés que cet entretien téléphonique fut terminé, il s’écroula de nouveau. Les larmes coulaient à flot sur son visage creusé par la douleur, son corps était parcouru de spasmes, ses yeux étaient gonflés par un chagrin montant d’un cœur meurtrit. Ces larmes étaient le sang de son cœur, un sang limpide, vide de tout, comme l’âme de son propriétaire. Il continua de pleurer longtemps, très longtemps, trop longtemps, recroquevillé au milieu du salon, tel une petite créature chétive au milieu d’un désert de tourments. Et cette situation l’étonnait, il avait pensé qu’après avoir vu souffrir sa bien-aimée tant de fois, il s’était construit une carapace solide, à l’épreuve de tout, même de la mort. Mais lorsque le médecin lui avait annoncé qu’il ne reverrait plus Jeanne, qu’il ne la toucherait plus, qu’il ne passerait plus sa main dans ses doux cheveux châtains, cette carapace s’était brisée, réduite à néant. Sa vie avait été détruite, tout ça à cause de quelques mots. Il avait beau être écrivain, il ne s’était jamais rendu compte à quel point les mots font mal. Combien ils peuvent être destructeurs. Duval était en colère contre ces mots qu’il avait tracés tant de fois sur le blanc immaculé du papier. Mais maintenant, il le savait, il ne pourrait jamais plus écrire, il ne voulait plus jamais les voir ces mots impurs. Il venait en moins de 24 heures de perdre sa femme et l’écriture.

Un cerisier en fleurs et dessous des gens habillés de noir, portant à leurs yeux des mouchoirs blancs comme neige, regardant un trou dans la terre, dans lequel des hommes faisaient descendre un cercueil en chêne massif, dans lequel reposait un être cher, parti trop vite. Une fois le funeste lit de bois posé à terre, les hommes prirent des pelles et recouvrir ce petit réceptacle de bois. En quelques minutes le trou fut rebouché et il ne resta plus qu’un tas de terre encore fraîche, dominée par une dalle de marbre rose. Alors, tout le monde s’en alla, laissant derrière eux le souvenir de celle qu’ils aimaient tous.Même Duval n’osa pas rester devant ce talus informe, il préféra rentrer chez lui, par peur de troubler le sommeil maintenant éternel de son épouse.

La maison n’avait jamais paru aussi vide, avec ses murs gris et ses meubles anciens, parmi lesquels se trouvait une commode, et cette commode, cela faisait un moment que Camille ne pouvait en défaire son regard, car il y avait quelque chose à l’intérieur qu’il n’était pas tout à fait sûr de vouloir prendre mais qui lui faisait très envie. Finalement, il se décida, il s’élança vers un des tiroirs du meuble, et saisit l’objet qui l’intéressait. Il le cacha sous son pull, et sans un dernier regard vers sa maison, leur maison, il courut jusqu’au cimetière et arrivé devant la tombe de Jeanne, il sortit l’objet, le porta à sa tempe et appuya sur la gâchette. Le sang gicla sur le marbre, cachant les quelques inscriptions gravées dessus. Duval s’effondra sur le sol. Le liquide pourpre s’échappait du crâne de l’écrivain dans un flot rapide. Il continua de respirer encore quelques secondes, puis la mort l’emporta, on ne sait où, dans un monde où il retrouverait sûrement Jeanne.
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Mario
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Mario



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MessageSujet: Re: Un cerisier en fleur   Un cerisier en fleur I_icon_minitimeSam 10 Sep - 18:36

Ouch.
Texte comme un coup de poing, sûrement parce qu'il (me) parle de manière assez réaliste. J'aime bien sa "mise en place", mais je le trouve, cette fois, un peu trop court. Pourtant, rien ne semble manquer.

Cela étant, j'ai du mal avec ce genre de textes. Comme une prise en otage d'une réelle objectivité, vu que le sentiment est vraiment prenant. Impossible de ne pas être touché - à moins de se camoufler derrière un humour salvateur, tel un Desproges se gavant de tourteaux.
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The shadow
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The shadow



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MessageSujet: Re: Un cerisier en fleur   Un cerisier en fleur I_icon_minitimeSam 10 Sep - 19:05

Bon, je me lance dans une petite critique que j'espère être constructive, si d'autres veulent me contredire qu'ils n'hésitent pas de toute façon c'est à la narratrice de choisir s'il y a lieu de modifier ou non son texte.


J'aime bien l'introduction et cette technique qui fait très film, comme si on avait une voix off :

Citation :
Lui, s’est tué en… Non, avant de vous le dire, laissez moi vous raconter son histoire, en commençant par la mort de Jeanne.

...

Citation :

Heureusement pour lui, Duval n’avait pas encore remarqué la présence du docteur, il ne savait donc pas que cette mauvaise nouvelle était pour lui, le pauvre écrivain qui n’avait jamais rien fait pour mériter ça. Mais cette inconscience fut de courte durée,

J'aime pas trop ce passage. "heureusement pour lui" je vois pas trop pourquoi c'est heureux vu qu'il va apprendre la nouvelle dans les secondes qui suivent.

"le pauvre écrivain qui n’avait jamais rien fait pour mériter ça", là aussi ça me gêne. Je ne doute pas qu'il ait rien fait pour mériter ça, mais la mort ne choisi pas celui qui a mérité de mourir ou pas.

Après ces lignes que je trouve pas géniales tu reprends bien.


Petit détail de temps sur ce passage:

Citation :
Et cette situation l’étonnait, il avait pensé qu’après avoir vu souffrir sa bien-aimée tant de fois, il s’était construit une carapace solide, à l’épreuve de tout, même de la mort.

J'aurais plus mis un truc du genre pour la fluidité de la lecture:
Et cette situation l’étonnait, il avait pensé qu’après avoir vu souffrir sa bien-aimée tant de fois il aurait fini par se construire une carapace solide, à l’épreuve de tout, même de la mort.

Citation :

Sa vie avait été détruite, tout ça à cause de quelques mots.

Question de logique, la cause de son chagrin ce ne sont pas les mots mais la mort, le médecin n'a été que l'annonceur. Mais pour garder l'idée j'aurais vu:

...cette carapace s’était brisée. Il avait suffit de quelques mots pour la faire voler en éclats, quelques mots et sa va avait été réduite à néant.

Citation :
Il avait beau être écrivain, il ne s’était jamais rendu compte à quel point les mots font mal. Combien ils peuvent être destructeurs. Duval était en colère contre ces mots qu’il avait tracés tant de fois sur le blanc immaculé du papier.
ça j'aime bien.


La chute est bien, le rythme assez rapide a fait que je n'ai pas eu le temps de la voir venir même si avec un peu de recul l'objet dans le tiroir on aurait pu se douter de ce que c'était.

Voilà, c'est les seuls défauts techniques que j'ai à relever. Le texte est court mais ne laisse pas indifférent.


@ Mario: C'est l'histoire qui veut ça, non ? Aurait il été possible d'écrire la même histoire, différemment, sans cette prise en otage du lecteur dont tu parle ?

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Mario
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MessageSujet: Re: Un cerisier en fleur   Un cerisier en fleur I_icon_minitimeSam 10 Sep - 19:13

Oui, d'un point de vue scientifique (un peu l'orgasme selon Bernard Werber, si tu as lu l'Ultime Secret), on peut tout écrire sans prendre en otage les sentiments du lecteur. Décrire un cancer, la mort qui arrive lentement, et ensuite la douleur, les larmes, tout ça peut s'expliquer d'une manière parfaitement neutre. Ce serait un exercice en soi.

Mais quel en serait l'intérêt ? Qui veut s'entendre parler dans le détail de métastases, sur un tel thème ?



Pour finir sur une note joyeuse, citons Desproges : "J'aurais jamais de cancer. Je suis contre".



Dernière édition par Mario le Sam 10 Sep - 19:14, édité 1 fois
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Coco.B
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MessageSujet: Re: Un cerisier en fleur   Un cerisier en fleur I_icon_minitimeSam 10 Sep - 19:14

Pour l'avant dernière citation, c'était vraiment pour montrer le rôle des mots chez un écrivain, leurs effets, notamment sur quelqu'un qui les voit, en a fait son métier. Mais sinon tes remarques sont constructives et je pense que tu as plutot raison, je ne sais pas si je vais changer mon texte, mais je vais y penser et c'est possible que je le fasse. A réfléchir.
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Henri de Walrins
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MessageSujet: Re: Un cerisier en fleur   Un cerisier en fleur I_icon_minitimeSam 10 Sep - 23:53

J'avouerais qu'une phrase entre toute m'a "accroché l'oeil"

Citation :
Ces larmes étaient le sang de son cœur, un sang limpide, vide de tout, comme l’âme de son propriétaire.

Va savoir pourquoi, je la trouve presque poétique.

Pour le reste du texte

-Peut etre un peu rapide, mais en même temps, vu mon style, je vais pas t'en tenir grief Rolling Eyes

-A mes yeux, ca manque peut etre un peu de respiration. Je conçois bien que le second paragraphe forme un "tout", mais en même temps, je le trouve un chouia massif.

-
Citation :
Un cerisier en fleurs et dessous des gens habillés de noir, portant à leurs yeux des mouchoirs blancs comme neige, regardant un trou dans la terre, dans lequel des hommes faisaient descendre un cercueil en chêne massif, dans lequel reposait un être cher, parti trop vite.

L'idée de l'énumération est bonne, un peu comme un zoom vers l'infiniment petit, on sent l'idée de la figure de style. Sans doute un peu trop de longueur. Tu as pensé à la retailler?



Sinon, j'aime bien. Un thème qui me "parle", dirons nous, donc j'aime. Continue, tu as un certain talent (voir même un talent certain) qui mérite de murir un peu
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Liam Daläa
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Liam Daläa



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MessageSujet: Re: Un cerisier en fleur   Un cerisier en fleur I_icon_minitimeDim 11 Sep - 0:15

Encore une nouvelle finissant dans un cimetière !
J'ai moi aussi été pris par l'histoire. Tu maitrise bien l'emprise sur le lecteur. J'ai été absorbé.
Toujours un bon style qui claque bien.
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Gudule
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MessageSujet: Re: Un cerisier en fleur   Un cerisier en fleur I_icon_minitimeDim 11 Sep - 10:30

super, j'ai vraiment adoré.
le fin est vraiment rapide, moi aussi je ne l'ai pas vu venir.

j'ai adoré cette phrase:
Citation :
Il continua de pleurer longtemps, très longtemps, trop longtemps,
recroquevillé au milieu du salon, tel une petite créature chétive au
milieu d’un désert de tourments.
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MessageSujet: Re: Un cerisier en fleur   Un cerisier en fleur I_icon_minitime

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