Des bataillons entiers ont déferlé sur la plaine
Au rythme des tempêtes ils ont versé des orages
De fer, armés de lances fières;
Les cieux ont tremblé et l'horizon vacillé.
Finissez de cracher dans vos mouchoirs blancs,
Les mers ont avalé vos corps par milliers
Pour ne ramener que sanglots aux yeux des mères
Et des amantes qui vont seules au bord des rivières.
Les éclairs déchirent le silence qui s'abat sur la plaine.
La foule fiévreuse laisse échapper un soupir:
« C'est passé tout près,
Mais ce sera pour une autre fois,
Alors buvons, buvons et mourrons. »
Là bas les herbes ploient sous la neige devenue sombre.
Sur les visages la boue dessine des sillons
Au fond desquels ruissellent l'horreur et la peur,
Peur du vide, peur du noir, peur de finir là
Au milieux de ceux qui n'ont plus rien à contempler.