« Tu dis
ton langage
il y a là un pelage nouveau et des crocs tombés dans la neige et le sang
Tu dis
un regard d’éclairs et de mers à peine recommencés. »
Je réponds
je vais visiter moi l’infini fabriqué, dément, par les miroirs placés pour briller
faire faux au fond de jolies phrases
refléter ce ciel
imaginaire
enragé
fragile à la fois
Hurler loin peut-être de ton époque
Te dire une autre fois et partir
cacher,
aujourd’hui que l’alcool y est passé,
ces orages très sages
inventés avec toi
sous la nuit et les ongles
la peau malade de mondes écrits
libres dans la sueur et le foutre.
Il doit y avoir au bout des mots
le vertige
la plaie changée en soleils crus
contre tes dents.
Te dire une autre fois et partir
J’ai aimé tenir dans mon asile longtemps une bouche pour dire,
avec elle pour vivre
Voir entiers des doigts creuser tes cheveux
y trouver
des odeurs du réel
et dans la fumée brune et verte du matin
chanter
lalala
laisser se dissiper des voix trop juridiques.
Je n’aime plus,
à force de crépuscule et de vin,
la musique que violée brûlée
la musique au bord de la vie.
J’ai vu
dans la neige et le sang
mourir toutes tes phrases très bien aiguisées
et au fond l’instant gelé posé sur le miroir
Il y avait dans son reflet des mots inachevés
Je veux avoir ces yeux là, toujours en chantier.