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 De la course du Soleil ou Second conte

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2 participants
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Coco.B
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Coco.B



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MessageSujet: De la course du Soleil ou Second conte    De la course du Soleil ou Second conte  I_icon_minitimeDim 13 Sep - 20:03

Hello ! Je reviens vers vous camarades littéraires avec un second conte, peut-être moins enfantin, mais toujours destiné à un jeune public (et à travers eux un public d'adultes), que je vous laisse à présent découvrir. Bonne lecture !



De la course du Soleil



Lorsque les fées décidèrent en leur temps de se retirer, elles confièrent la tâche de faire se lever et se coucher le Soleil à la race humaine. Elles choisirent pour cela, avec le plus grand soin, dix femmes. Elles craignaient que les hommes, de nature plus belliqueuse, n'usent de cet immense pouvoir pour assécher une contrée et en enfermer une autre dans la nuit glacée. Pour les assister dans leur lourde besogne, les créatures érigèrent un autel naturel. Elles élevèrent dix pierres taillées dans la plus belle falaise, au centre de la plus immense et la plus verte prairie. Complétant cet ensemble, au sein du cercle formé par les dix premières, elles placèrent une dernière pierre, un roc, du même orange que les nuages aux dernières lueurs du jour, extrait des lieux qui terminent notre monde connu. Chacune des stèles, imprégnée de l'âme d'une des Dix – et du Soleil pour la dernière – entrait en résonance avec les autres pour amener l'astre au firmament du ciel ou le renvoyer se terrer sous la surface pour reposer la terre de son éclat.
C'est ainsi que chaque soir et chaque matin se tenait en cette place un spectacle incroyable.
Alors que les étoiles exhibaient encore fièrement leur lumière aux yeux des dormeurs, les dix élues se mouvaient lentement hors de leurs lits, s'extirpaient du sommeil, se glissaient dans leurs habits d'éveil, se dirigeaient comme des ombres vers le lieu consacré à l'éclairage du monde. Des curieux, attirés par cette magie placée en des mains si délicates, attisés par un désir de voir soudainement apparaître la lanterne du monde, piqués, enfin, par la vanité d'assister à un spectacle d'une telle ampleur, les suivaient, encore tout engourdis par la nuit. Ils prenaient tous ensemble place dans les fourrées et les buissons, yeux grands ouverts, attendant avidement que la chose se passe. Certains en avaient été bouleversés à tel point, de cette chose, qu'ils venaient là épier comme des voyous matin et soir, plusieurs fois dans la semaine.
C'est sans toujours se douter de l'audience anxieuse de les voir à l'acte, que les Dix se retrouvaient. Tout d'abord, rien ne se passait. Elles échangeaient, profitant encore quelques instants de la Lune, semblant presque, parfois, vouloir prolonger l'attente de leur public invisible. Et finalement, elles commençaient. Chacune se plaçait le dos à l'une des dix pierres, visage tourné vers celle qui ornait le milieu de l'autel. Puis leurs voix s’élevaient en cœur dans une plainte sourde, étrangement douce, qui se tordait dans leurs bouches, comme la mer secouée par les vagues. Suivant ce mouvement de voix débutait un mouvement de corps. Une danse les secouait alors. Derrière et tout autour d'elles volaient leurs robes, leur blancheur pure luisant sous les étoiles qui luttaient pour ne pas être éteintes, fermées à l'évidence que ces femmes qui dansaient pour les faire disparaître étaient aussi celles qui, la nuit suivante, leur redonneraient tout le loisir de briller.  
Face à cet élan, autant vocal que corporel, la pierre du bout du monde se mettait à luire, à brûler de l'intérieur, à résonner pour appeler à l'éveil du Soleil.
Et cette folie magique durait. Une heure, peut-être plus. Et le Soleil était là.
Il était haut, il brillait comme on attendait de lui qu'il brille, il était à sa place au centre du ciel.
Devant l'exploit accompli, les spectateurs retenaient un tonnerre d'applaudissements, laissant aux dépositaires du pouvoir des fées un moment de calme pour accueillir le jour nouveau.

Des années entières ce rituel dura, effectué matin et soir, donnant ses ailes au Soleil et le replongeant dans le sommeil en même temps que les hommes. Mais ces derniers sont des êtres faillibles, et femmes comme hommes sont soumis à l'erreur qui a toujours été humaine. Et l'injustice, autant que l'erreur fit son œuvre...

L'enfant d'une des Dix se trouva malade. Le froid avait avait fait son chemin jusqu'à elle, l'empêchant jour après jour de respirer et peu à peu de vivre. Les médecins, mis en échec par cette maladie qui refusait de répondre à leur science, préconisèrent comme unique remède le Soleil. Lui seul saurait faire fuir la glace qui s'était installé dans le corps de la petite. Mais l'astre, au même titre que les hommes, était soumis à des heures et ne pouvait épandre sa lumière sur chaque heure du jour. Et si la mère de l'enfant le faisait se lever et se coucher, elle ne pouvait livrer bataille aux nuages qui n'en faisaient qu'à leur tête, obstruant joyeusement leur maître solaire sans se soucier de celles et ceux qu'il était chargé d'éclairer. Ainsi, l'enfant se mourrait sans que sa mère semble pouvoir y faire quoique ce soit. Or, il n'y a rien pour un parent de pire que de voir son enfant souffrir en demeurant dans l'impuissance. La peur croissait de jour en jour dans le cœur de la mère comme la maladie dans le corps de l'enfant. Chaque matin et chaque soir elle craignait de la laisser, suffoquée par l'angoisse de ne pas la trouver vivante à son retour. A l'heure du crépuscule, lorsqu'elle faisait se coucher le Soleil, ce remède aux maux de sa fille, un terrible sentiment de culpabilité la transperçait de part en part. Aussi, chaque journée, se disputaient en elle le devoir qui lui venait des fées et son devoir de mère qui s'extirpait du plus profond de son être.

Un matin, le médecin annonça que la petite fille ne passerait pas la nuit. Il lança cette nouvelle avec un regard de réprobation tinté de supplique. Le Soleil était toujours à sa place haut dans le ciel. Les nuages, cléments, s'en étaient allé au loin, au gré du vent, comme pour accorder à l'enfant une dernière journée de lumière et de chaleur pleine. Mais le temps, esclave et maître à la fois, était tenu de passer, il ne pouvait pas ralentir et encore moins s'arrêter. Il fut l'heure de remettre les étoiles à leur place dans la nuit. L'horrible nuit. La mère embrassa sa fille. Humecta son front de ses larmes chaudes. Jeta un dernier regard sur ce beau visage mis en lumière par le soleil. Un dernier regard avant les ténèbres.
Elle marcha lentement ce soir-là, désireuse de repousser la fatale échéance. Dans son cœur, devoir féerique et devoir maternel se menaient une sanglante et meurtrière bataille. Ils se déchiquetaient mutuellement sans qu'aucun d'eux ne soit capable de prendre le dessus sur l'autre. Au milieu de ce désordre saignant une certitude se fit pourtant jour : si sa petite fille ne devait pas passer la nuit, alors il ne devait pas y avoir de nuit. Arrivée à l'autel, elle supplia donc ses compagnes de ne pas accomplir leur funeste besogne, de ne pas faire se coucher le Soleil. Ses imprécations, à peine formulées tombèrent dans l'oubli. Les neuf autres invoquèrent pour se justifier les fées et la punition qui les attendrait si elles enfreignaient leurs règles. Elles n'étaient pas de clémentes créatures, la mort les attendrait très certainement si elles faillaient à leur devoir. La mère leur jeta au visage leur lâcheté, la mort de l'enfant, les maudit, battit la terre de ses pieds et de ses poings. Rien n'y fit. Elle du chanter, elle du danser. Le soleil disparu lentement derrière l'horizon. Son âme gisait, créature sanguinolente, sur le sol, abattue par la responsabilité qu'on avait placé entre ses mains. Comme une arme.
Les autres quittèrent la place. Elle demeura dans l'herbe, silencieuse et résignée, prenant racine dans son malheur, sachant qu'elle rentrerait pour trouver le corps de sa fille sans vie, blafarde comme la Lune. Cette simple idée serrait son corps dégoulinant de rancœur. Et dans sa tête une petite voix. Cette petite voix qui fait partie de l'intimité de chacun, lui chuchotait cruellement « Tu aurais du faire quelque chose ». Face à cet appel intérieur elle ne put demander que « Quoi ? ». Dans un infime murmure presque inaudible pour elle et absolument muet pour nous qui découvrons cette histoire, la petite voix lui offrit la réponse.
A tâtons sur le sol, elle chercha la plus grosse et la plus lourde pierre gisant sur l'herbe de l'autel. Quand ses sens décidèrent qu'elle l'avait trouvé, et sans réfléchir un instant, elle la jeta avec toutes les forces que lui conférait son désir incommensurable de sauver son enfant, sur la stèle au centre du cercle magique, celle qui contenait la lumière du Soleil et qui avait libéré quelques instants auparavant celle des étoiles. La matière importée du bout du monde craqua. Une fissure apparut. Rampant sur le sol, tâtonnante à nouveau, elle se saisit de la roche et effectua son geste une seconde fois. Un craquement, encore. Toujours, son geste de colère maternel fut gratifié d'un sinistre bruit d'os se brisant sous le pied intransigeant du bourreau. Le rocher se veinait de minuscules rigoles dorées. Les rigoles devinrent fleuve. Mer. Océan. L'édifice céda. Toute l'incandescence astrale se répandit, laissant les étoiles impuissantes face à cette nouvelle amante de Céphale.
Non loin de là, la petite fille qui avait presque terminé d'expirer son dernier souffle le récupéra soudainement. Sous la chaleur revenue, elle retrouva ses couleurs d'enfant et avec elles l'assurance de grandir et pourquoi pas de devenir mère à son tour. Une mère comme la sienne. Une mère qui avait réveillé le soleil à peine couché, qui avait brisé la loi des fées, pour lui redonner vie. Elle admirait cette mère comme une idole pour avoir eu le courage de lui rendre son souffle.
Sous le Soleil à qui on avait refusé le sommeil mère et fille se retrouvèrent, enlacées dans un même élan de vie.

Le jour baigna la Terre une semaine durant sans discontinuer. La pierre étant brisée il n'y avait rien qu'on puisse y faire. On avait prié pour que le soleil se couche de lui-même, fatigué de briller. Mais les prières sont vaines et leur réalisation soumise au hasard. Ce ne fut qu'après huit longs jours alors que la terre s'ouvrait béatement sous les brûlures qu'on décida que la colère des fées serait toujours moindre comparée à une mort certaine. Elles déchaînèrent en effet leur mécontentement. Elles décidèrent à la fois de punir les hommes et de rattraper la faute pour laquelle ils avaient déjà tant payé. Un orage terrible s'abattit sur eux. Un orage comme on en avait jamais vu de mémoire d'homme. Une tempête comme celle imaginée par d'autres qui avaient placé leurs croyances et prières en un être unique qu'ils appelaient Dieu et qu'on avait jamais vu. Tant d'eau tomba que le sol desséché s'en gorgea jusqu'à ne plus rien pouvoir prendre. Cet océan tombé du ciel emporta avec lui récoltes, maisons et châteaux. Ne furent épargnés que les sujets contrits. Les hommes demeurèrent sur les ruines de leurs anciennes vies entamées déjà par la chaleur des Huit Jours comme on l'appelait.
Cependant qu'elles punissaient les terriens, les fées s'avouaient à elles-mêmes que cette erreur humaine était peut-être le fruit d'une erreur de leur part. Dans leur hâte de partir, elles avaient oublié que l'Homme, avec un grand H, est faillible. On ne pouvait donner à quelques uns, hommes ou femmes, un pouvoir qui les influençait tous. Tout comme elles, fées, ne pouvaient décider de la vie des hommes. Il devint indispensable de trouver une solution afin que rien de ce qui avait pu se passer ne se reproduise. On mentionna le problème aux Dix qui proposèrent de devenir Neuf et de punir en conséquence de son acte la mère fautive. Les créatures magiques s'y refusèrent catégoriquement. Si Dix avaient été trop peu et trop incapables, Neuf seraient certainement pire et d'ailleurs soumises aux mêmes erreurs que leur compagne. Quand à cette dernière, elles lui offrirent leur pardon. Son acte de visait point l'offense, mais la défense. Elles lui tirèrent cependant la promesse que jamais plus elle ne mettrait, sous le coup de la passion, autrui en danger. Et leur premier problème demeurait toujours.
Elles décidèrent donc de s'adresser au seul qui savait la situation et à qui on avait encore refusé la parole. Les fées s'en allèrent trouver le Soleil.
Elles le trouvèrent endormi derrière un nuage. Elle l'éveillèrent et lui dirent :

« - Soleil, nous venons à toi car les hommes ont commis bien des erreurs en se jouant de toi. Nous ne pouvons plus leur accorder notre confiance. Il faut pourtant que tu éclaires le monde et le réchauffes chaque jour avant de céder ta place aux étoiles. Nous, fées, nous en remettons donc à ton lumineux jugement. »

Et voici ce que le Soleil dit :

« - Fées, je vous remercie grandement de votre sollicitude et de la confiance que vous entendez m'accorder. A vos questionnements je n'ai qu'une réponse qui est tout autant une requête :donnez-moi ma liberté. Permettez-moi de me lever et de me coucher seul.

Mais comment saurons-nous que, ta liberté rendue, tu continueras d'éclairer le monde comme il se doit ?
Je ne suis pas humain. Je ne suis pas faillible. Je ne suis pas né pour me poser des questions mais pour illuminer la terre. Le devoir m'est inconnu, je ne puis donc pas y faillir. Sans que j'ai a vous prêter un quelconque serment vous saurez que j'accomplirais ma tâche sans faiblir.
Nous admirons ta logique... et acceptons ton offre.
Merci, ô Fées. Mais permettez que je soumette à votre générosité une dernière demande
Fait donc, nous t'écoutons.
J'ai toujours eu des désirs d'aventures et de découvertes. Aussi, je vous demande de me permettre de faire le tour du monde pour l'éclairer. Je n'ai que faire du sommeil si je peux vivre mes rêves. Par ce procédé vous ferez de moi le soleil le plus heureux de l'univers et vous permettrez aux hommes de mieux comprendre le temps. Ils sauront quand dormir et quand se lever à la simple vue des couleurs dont se parera leur monde. Ils pourront aisément compter les jours et sauront quand ils devront travailler et quand ils devront vivre pleinement. Acceptez ma demande, vous pouvez le voir, n'offrirait que des avantages.
Es-tu certain de pouvoir renoncer au sommeil ?
Je brille toujours même quand vous ne pouvez me voir de là où vous vous trouvez. De plus, je n'irai pas vite. Je ne me fatiguerai pas.
Alors nous acceptons.
Avant que vous partiez, une dernière chose. Je vous supplie de ne pas punir la pauvre mère qui n'a, finalement, accompli que son devoir.
Ne t'inquiète pas de cela, nous avons pardonné son geste. Nous avons décidé de ne plus nous mêler des affaires humaines. Dorénavant, ils seront seuls maîtres de leurs destins. »

Cet accord finalement conclu, les fées se retirèrent du monde humain et laissèrent à ses habitants la liberté de vivre et de se tromper. Depuis ce jour ils se sont trouvés d'autres maîtres, de nouvelles créatures, pour leur dire quoi faire. Leurs croyances évoluent et changent, mais une chose demeure, comme la course des saisons, c'est la course du soleil. Le Soleil qui parcoure la terre et lui offre sa lumière, toujours en quête de découvertes. Le temps suit son cour marqué par ses tours incessants, et petit à petit, les hommes ont oublié que c'est l'amour d'une mère qui fit don de sa liberté à celui qui les éclaire sans jamais faiblir. Ni faillir.


FIN
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MessageSujet: Re: De la course du Soleil ou Second conte    De la course du Soleil ou Second conte  I_icon_minitimeDim 13 Sep - 22:38

Très sympathique !


Cependant j'ai trouvé cette phrase un peu maladroite :
C'est sans toujours se douter de l'audience anxieuse de les voir à l'acte, que les Dix se retrouvaient.
Et une faute de frappe :
Son acte de visait point l'offense, mais la défense.

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