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 Platoon-Poète

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Mario
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Mario



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MessageSujet: Platoon-Poète   Platoon-Poète I_icon_minitimeJeu 4 Déc - 14:07

Partie III du manifeste fantaisiste, et l'éveil de l'Aero Ravarmy
certaines parties du texte ont été écrites il y a un an voire plus, mais je ne me sentais pas capable d'écrire la suite, par immaturité, peur de voir ce que je pouvais dire, me livrer sur le texte
je voulais que le texte fermente comme un bon vin, et j'aime bien la dégustation aujourd'hui
pour ma part, j'estime que c'est sans doute l'un de mes meilleurs poèmes
bonne lecture !







III. Platoon-Poète




- On/Off -

la folie dévore toujours
des silex croquants qui grincent contre les gencives rouges

armée en marche forcée sur la route des siècles
a des airs de retraite russe
les pieds enfoncés, les bottes prisonnières de la banquise
au loin les sommets leur donnent des aigreurs nostalgiques
à se donner aux fauves
les bêtes du crépuscule
qui feulent à la nuit

c'était l'histoire racontée par le fou
M'sieur Officier Capitaine Commandant Général
Eliakim Platoon , Seigneur de l'Inconnu
Gouverneur de la mouise et de la gnôle
Écrivain pour sa Louise
et le reste aux rats

il raconte
des souvenirs qui s'époumonent dans le grésillement des étoiles
à huile, égarées dans les charpentes
célestes à dormir dans les granges ouvertes, les champs ronflants de la chair froide
il parle à ses hommes transis d'avoir été
et d'être encore, poussés par quelques assurances fugaces
tous des avaleurs d'avalanches
des buveurs de rasades percutantes
formation de la troupe en combat pour contemplation

«  - Nous découperons les dents de nos rires
nous avons les joues mordues d'avoir trop retenu des larmes en silence
et nous leur dévoilerons à la fin de l'acte ultime
le rire osseux de notre squelette

nous débordons dans l'espace infini
nous dépassons depuis la nuit des temps toutes les frontières connues
nos corps sont nos cartes
les meilleurs repères de ce que furent nos vies dehors
libres parmi ce monde cloisonné
Destination vos crânes, les filles, j'attends que vous vous décapsuliez
pour sortir d'un coma qui dure depuis bien longtemps
avant que vos mères n'apprennent la liberté, que vos ancêtres se vident les yeux dans les champs
bien avant tous les âges métalliques et les hurlements des prédateurs lancés comme un défi

alors, vous pourrez dire que vous êtes un vétéran
comme moi vous sentir fier de remuer vos genoux coupés
car j'ai parcouru dans mes créations les plus fameux paysages
plus vastes encore que tout l'entendement de vos messes incompétentes
j'ai vu des systèmes encore plus parfaits que l'univers lui-même
et je les ai salués, et je leur ai enseigné le goût du sang qui parcourt le monde
qui tambourine dans toutes les veines, comme s'il répondait à ces bruits qui nous échappent
malins de nous esquiver, survivalistes
j'ai ressenti toutes les émotions et je m'en suis servi comme savon
j'ai bien connu les hommes et les femmes, j'ai préféré les animaux
le singe comme mon semblable, le dauphin comme mon frère d'armes
et cette Nature m'est apparue, abandonnée, si proche par instants
que j'ai tremblé, fragile, au sein de son immense vibration

on a voulu me faire grandir d'une telle façon, de cette manière, comme ceci ou cela
le rejet s'est imposé dans la révolte incendiant mon cœur
dans un âge aussi ingrat qu'un poème qu'on écrit dans la passion
pour une demoiselle jolie mignonne qui ne réfléchit pas

j'ai voulu crier dans les grands espaces pour me vomir
et j'ai entendu, dans mes échos, d'autres que moi hurler à leurs tours
sans que je ne comprenne devant mon triste spectacle
la supercherie de mes solitudes
je me suis cru habité par les fantômes des chambres urbaines
les êtres folkloriques qui font grincer la nuit
et qui faisaient festin dans mon salon, présidés par une Sorcière
qui était mon âme éveillée alors que je rêvais endormi
je déplaçais dès lors les sons calligraphiés sur l'air, avec mon doigt
comme le compositeur écrit, comme le poète sait chanter
j'ai scandé les mots dans le silence des cages d'escalier, des immeubles éteints
pour que le Mot final, enfin retrouvé, se meurt dans la forme parfaite de la dernière bouche

on a voulu m'approcher des mystères de contrebande et l'ennui
quand j'étais paralysé affalé dans les classes bourdonnantes, des nouveaux mondes
chargés de métaphysique, une philosophie de la poésie qui me quémandait
comme un fœtus toque au ventre pour signaler qu'il sera bientôt l'heure
et j'ai voulu m'élever seul dans la conscience aiguë, presque douloureuse, de la liberté
il a fallu écourter le cri unique des hommes
pour me donner totalement, entièrement, à l'harmonie des accords multicolores
des tableaux de saveurs et des tables gargantuesques
pour que le sens parle aux sens et l'image à l'âme
le bruissement de l'intuition qui gratte la peau en perdition
presque visionnaire sur la vigie humaine

(silence. Le général regarde au loin, vers les spectateurs-horizon)

entre les quatre murs des échanges courtois, ma route croisa les hagards
les hérons doucereux d'une pensée tenue par le bout des lettres
à bien vouloir s'en saisir mais peu la comprendre
je me suis mis à les insulter, à les interpeller, dans leur morale
leur bonne volonté dégueulasse, la bonté trop honnête
j'ai détesté la gentillesse et la candeur de ces forçats
songeant que l'égalité leur rêve était la plus grande idiotie leur meilleure œuvre
je hurlais, dès lors, jusqu'à sentir mes cordes vocales dépecées
que nous apprenions dans la douleur que personne ne viendrait jamais
pour eux, pour nous, pour tous les troupeaux de bêtes humanités
nous les avides d'avalanches, les dévoreurs d'étoiles, les gastronomes des mots
nous les tigres pourpres, les sauvages périphériques, guerriers du bitume
nous n'attendions personne et nous attendions sans espérer
nous les artisans de la pensée mouvante à jamais fixée sur un point de discorde
nous, les grands artistes infatigables de l'humanité...

je me suis alors rendu compte que ma pièce était un miroir
un miroir sur les murs, un miroir sur le sol
et je me parlais dans le noir en voyant mes congénères
gangrenés par la foi de mes discours emportés... »

Et tandis qu'il prononçait ces mots
que chacun savait la morsure du désespoir
à force de visions, villes détruites, gaz mortel, enfants cannibales, cloaques à putes, tunnels de rongeurs, les véritables sauvages de l'apocalypse mitraillaient l'horizon
le ciel se chargeait de fureur atomique
un attirail de nuages pour mener une guerre de fabliaux

Les voix s'écrièrent et les plumes fondirent dans les forges chaotiques
pour faire ce qu'elles auraient dû écrire sans nul doute depuis le début

le retour aux sources lumineuses
au ciel chargé de ses séraphins
la défaite hurlante pendant l’ascension
et la guerre faisant rage autour des orbites
lâcher une l'arme pour rendre dans la paix son âme meurtrie

le ciel de la terre est la terre encore
encore la terre vierge du continent céleste
le chœur chantait la communion du Général
qui, sanctifié par le réel, trouva aux portes de son cerveau
seule la pupille d'un homme pris en plein attentat
un instant de sa vie surgissait du regard
il comprit alors pourquoi l'homme pleurait
son haleine de tristesse arhumatisée lucide
embuait la silhouette en face comme un mur

un miroir en guise de paradis


- Replay -

j'ai craint pour mes mots
et ce qu'ils diraient derrière
leurs dos étranges
leurs dos de géants les titans des premières lueurs
insaisissables intouchables dans la fragilité du matin
bavards dans la brume d'un compact silence
terrifiant dans la rosée
qui laisserait sur place le corps surpris dans la révélation
de ce qu'il ne pourrait jamais atteindre
des faces murales grandes comme l'univers

et j'ai senti la houle s'échouer dans mon nez
la première odeur du nouveau rivage
alors que je rêvais les grandes batailles
dubyesque précoce dans le bonheur de l'ennui
on m'appelait le jeune fou de la grève
les bancs de sable formaient une bande d'amis
dans la solitude remuée par le meuglement du vent du large
à hurler des ordres à des armées entières
j'étais Napoléon à Austerlitz, Alexandre à Gaugamélès
à m'enivrer du sens profond de l'héroïsme du combat de la douleur
le sacrifice virtuel  l'existence intense de chevaucher à côté de soi-même
et je me suis senti vieux soldat, vétéran de tous les âges
presque mort, presque en vie
survivant

seul encore au sein de la Ville-Monde
dans le fleuve pressé de la foule prolétaire
au travail dès les tunnels blanchis des métros bestiaux
bruyants dans les pas du jour
les visages saisis dans le mal du réveil et la douleur de continuer le mythe roulant
j'ai exploré les rues comme les bas-fonds de moi-même
comme un gouffre abyssal
comme un pont suspendu
assis sur les parvis des mosquées d'or, des églises quantiques
bercé dans le silence sous les voûtes, propice à l'oubli dans la lumière des vitraux
comme aux premiers jours de nos existences
dans un cocon de croyances sidérales
des monuments poétiques pour des terrasses en tarmac d'âmes déçues
déchirées par l'instant ou l'absence ou tout le reste
ça borde les champs-dortoirs dans les lits douillets,
étouffés on respire mieux quand vient la mort-dans-la-vie
sur le dortoir immense des maisons reposées au clair de Lune

On m'a dit mes évangiles sans-amour
timide et louche
en perdition contre les murs sans saveurs dans la réflexion de chaque action
mal positionné au réel
enfant lunaire donné aux distractions
de l'imagination
rejet de toutes les cloisons
quand le crâne bulbifiévreux m'a fait écrire
et sentait l'insulte insubtile sous la langue grasse
à des raisonnements d'enfant fou
incompréhensible autistiquement
terme médical pour savoir me cerner
sans jamais lire une seule note au sujet du cours – long cours de mes poèmes

leur dire que j'ai toujours eu le regret de la pure vitesse
que le monde est si lent et que cela me désole
dans ses transports dans ses idées idéaux idéologies logiques
dans ses voyances visionnaires des futurs alternatifs probables
dans le calme de la réflexion et le respect de toutes les existences
et que l'amour n'est là que pour chaque voisin de mon âme solitaire

leur dire que j'ai recherché dans toute la cité morte
un frère jumeau, un ami universel, mon âme-réponse
qui serait ce que je suis, qui saurait tout ce que je fus
au-delà des pores dans une fusion commune de tout ce qui existe
à la fin j'ai lâché mes larmes sans importance dans les bras de ma sœur
comprenant compulsivement la maladie du monde
les nerfs qui lâchent
la mélancolie intubée par notre médecine
ignorant la solitude dans toute l'histoire de l'être

j'ai voulu arrêter de parler et de penser en vers millimétrés
stopper le film des sensations
tout continuer dans le liquide fécond du mental
être instantané, précis, détaillés, nuancés, concis
sans buter sur les écueils de la langue imparfaite
qui ne correspond plus
qui ne comprend pas toute la subtilité de nos cerveaux
si rapides dans l'efficacité
voilà pourquoi les livres seront immortels tant qu'on s'abandonne sur leurs chairs
nos paroles sublimées dans l'encre transcendantale
à mettre les discours des poètes de tous bords sur grande écoute
poètes de tous les arts – unissez-vous !
vous souffrirez comme toutes les beautés de vos manèges d'inspiration
de l'abandon à la postérité et de la récupération
des fossoyeurs nouveaux de l'irréel

- Play  -

à la fin du voyage le combat se dévoile
problème entier indépassable, un mur à échelle vialactante
car la guerre n'est pas finie, non monsieur
ma dame, gardez bien la maison, car la guerre n'est pas finie
et elle ne finira bien jamais, j'en ai peur

car il s'agit de savoir, au fond de toute chose
ce qu'il restera de nos corps, de nos pensées et de nos actions
sans conséquences réfléchies avec véracité
alors le monde se bat et se déchire
sans jamais connaître le nom des vainqueurs
ceux qui triompheront dans les mémoires et dans les manuels
qui perdureront, qu'importe les souffrances et les détails
nous assistons à des simulacres guerriers pour le savoir
à de vraies guerres qui font que nous comptons nos morts sans trop comprendre
les raisons du mal

C'est pourquoi j'en termine ici et
maintenant ça peut commencer...
QUE RUGISSE L'AERO RAVARMY !

des légions de jeunes machines beuglantes
à trouer la réalité d'acides
base neutre d'une écriture du monde en times new roman
police 12 centré sans intervalles
bombardements des forcenés croquant les lèvres de la beauté refroidie
sous les ordres du Général emporté par les flots de la folie extatique
qui bave sur les progénitures des infamies fécondes
les vices des vers, les fruits fendus, coïts cognitifs, sueur d'encre

«  - poétisons, mes frères de sens, soldatesque rompue à tous les maux
j'entends d'ici mugir les gémissements glaciaires de vos rêves avortés
et la misère de vos foyers
qui entendent dans les propagandes abruties
la postérité élevée comme un dictateur
à hurler avec les chiens qu'on pique dans les arrières-cours
que tout sera bon et que rien ne sera fait

nous, pauvres poètes en plomb, nous sommes les derniers fous à nier
nos jouets-camisoles ont pris le camouflage des constellations
la discrétion de l'insecte
le trottinement à peine perceptible dans un charnier de cristal
quand nos serpents joailliers, rayons crochus du soleil ont agité nos bâtons mentaux
sourciers magiques promenés sur les berges en rupture
près de la place de grève sonnée des évolutions
l'histoire a la bouche tordue dans la pâmoison
pour l’exécution du peuple quand le peuple zappe
pour la prochaine réincarnation

il y a une urgence d'absolu
pour nous les armes affamées dans les fanfares oubliées
en suspension entre la verticalité des nuages et le battement du tambour
la prairie de nos pâtures immortelles

nos mégaphones d'existence ont été bouchés
on nous a promis l'extinction des mots
vendu l'oubli de la vitalité du son
suivis d'une errance sur les trottoirs des certitudes
les fermetures des bars en veillant les rêves des paralytiques
les oiseaux verts du grand large en migration dans les grandes solitudes
à rechercher la goutte de l'alcool de chair

quand tout s'éteint sur la carte qui s'enfuit dans la nuit
quand même les satellites ressentent la béance du vide autour du globe
et qu'en silence se fonde dans les caves subconscientes
un cri qui lance la charge immense de la Ravarmy ».


Dernière édition par Mario le Sam 6 Déc - 15:42, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: Platoon-Poète   Platoon-Poète I_icon_minitimeJeu 4 Déc - 14:39

Il est évident que les trois sous-parties se lisent dans un sens ou dans l'autre
comme un film vu ou alors revu
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Chef correcteur
The shadow



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MessageSujet: Re: Platoon-Poète   Platoon-Poète I_icon_minitimeSam 6 Déc - 14:29

Ce poème rassemble tout ce que j'ai toujours aimé dans ta poésie: cet univers à la fois astral futuriste et révolutionnaire, à la fois sombre et céleste.
Il va falloir que je relise tout ça, que je laisse décanter pour y voir plus clair, et fasse un jour un commentaire à la hauteur du poème.  
En attendant, je te remercie de nous donner cette matière pour nourrir nos réflexions poético-astro-philosophiques.
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MessageSujet: Re: Platoon-Poète   Platoon-Poète I_icon_minitimeSam 6 Déc - 14:34

Merci bien, cher ami, ça me touche.
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MessageSujet: Re: Platoon-Poète   Platoon-Poète I_icon_minitime

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